I'M A PASSENGER

mysterieuse

L'intention indiscrète dont il me fait aveu, résonne dans ma tête comme une dérive malsaine qu'on ne peut contrôler. Il persifle ses désirs comme on injecte un venin, les insuffle dans mes veines comme une drogue. Je suis déjà en addiction. Il ne m'a même pas touchée, tout juste effleurée d'un regard si prégnant, qu'il en est insolent. Une tendresse, même abstraite, aurait bien du mal à se dissimuler derrière ces paupières mi closes, mi affûtées.

Pourquoi moi ? Derrière ma silhouette assise sur le tabouret, mes jambes enlacées dans une féminité trop sage et trop organisée, derrière ma silhouette, dis-je, des filles, des filles peu conventionnelles, criantes de beauté. Il les voit, les observe, mais ne les retient pas. Peut-être trop jeunes, trop belles pour sa belle gueule cassée. Il à la gueule des amants fatigués, Casanova buriné, de trop avoir bu et trop baisé. Ses yeux obscurcis d'un halo ravageur, ses cernes séductrices capturent ses proies sans un mot prononcer. Il trempe avec délicatesse ses lèvres par trop usées d'avoir tant dévorer. Il transpire le trop, il est trop tout, trop séduisant. Le délavé de ses yeux clairs intrigue plus qu'il ne séduit. Quand le mystère s'invite, il crée une interférence sur la raison, en redessine les contours.   

Voilà à présent qu'il fait courir, avec la légèreté d'une brise estivale, ses iris pervertis, sur le galbe soyeux de mes jambes juste voilées de nylon. Son regard se promène, se pose puis semble s'infiltrer entre mes cuisses, à la recherche de quelques égarements de ma part. Qu'attend-il de moi, une exhibition soudaine, une invitation à la griffure érotique, une danse sensuellement magnétique ? Il picore mon esprit, me conduit, m'éconduit. Il m'habille du pervers de son immoralité pour me déshabiller l'instant d'après !

Tu veux jouer ? Jouons ! Je croise et je décroise dans un ballet savant mes jambes, joue des ombres empourprées des jeux de lumière du bar à peine éclairé. Mes senteurs érogènes embourbent mon esprit au même rythme que les effluves d'alcool qui consument ma vertu.Je me prends à mon propre piège, caresse le haut de mes cuisses, mon regard en surplomb au-dessus de mon verre. Je serais presque prête à entrouvrir mes cuisses, lui offrir le délice de l'inconnu à explorer. Il joue les ravisseurs de la sensualité et moi je ne suis plus qu'otage de sa virilité.

Ses désirs déchirent ma pudeur, entrouvrent la porte dérobée de la femme mystérieuse dont il aimerait connaitre tous les secrets.

Il me tend un verre …Comment pourrais-je lui refuser ? Vos êtes très belle quand vous désirez, vous transpirez la baise, me murmure t'il à l'oreille avant de jeter des billets sur le comptoir.

« I'm a passenger ! Merci pour ces instants volés ! »

Et puis il disparaît !

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