Immersions...( 377 )

Jean Marc Frelier


Effet tunnel...




Aux blés hauts ma paume ailée




effleure le souvenir physique de tes cheveux épars




qui n'étaient ni blonds ni nuits




mais éventails gorgés de sommeil




enroulés dessus mon torse aux aguets




quiconque ose soutenir que mes sens ma mémoire




me jouent des tours simplement se fourvoie




aucune évocation passée ne peut se substituer aussi charnellement




aux frissons miens qui parcourent ta distance




parce que je te sais à présent désunie incomplète




tu n'en demeures pas moins effective et réelle




jusque dans tout ce qui te constituait de nuées d'atomes




que je perçois prendre goulûment




les tremplins longs du vent vif




et vibrionner sans contours




au coeur des soies multicolores




d'arbres automnaux




comme tes lèvres-yeux chahutés




par les sursauts inquantifiables




de l'eau filante et limpide




de notre fontaine aux voies chaudes




où tu me fais revivre l'intégralité




de leurs cabotinages hallucinants




j'en apporte pour preuve




ces phrases entières qui ne respirent plus




dont les sonorités unies dans l'air ambiant




m'épellent à voix audible




syllabes et lettres de tes harmonies propres




alors que je ne peux distinguer avec précision




l'espace complet que désormais tu occupes ici




je vois clairement qu'au fond du ciel visible




de l'arrière des comètes jusqu'à ces milliards




de petits points denses et dispersés qui constellent au hasard




aucune des boucles indomptables t'ayant appartenu ne se signale




ne sommes-nous pas les deux seuls à savoir que tu ne serais jamais partie aussi loin...


jean-marc frelier 20/11/2017 (ev)

“ à ciel ouvert “

copyright exclusif

Dédicace : Mme Antonella Anedda



NOVEMBRE, NUIT


« Même maintenant je vois un geste nuptial

après l'immense distance de cet été lent

dans la courbe de ses tiges amères

après les années qui au-devant d'elles

ont barré l'amour pour qu'il ne se perde

jusqu'à le perdre assourdi contre l'herbe.

Aujourd'hui c'est une nuit de pluie.

Nous pouvons la traverser

selon deux lueurs diverses sans lumière dire,

en touchant le bord gelé d'un verre

que tant d'éloignement n'a pas été une erreur

s'il a ceint et dissipé secrètement tout désir irréel. »


Antonella Anedda,


Nocturnes, Nuits de paix occidentale, in Les Cahiers de poésie-rencontres, « Écritures de femmes », n° 49-50, page 23. Traduction de Marcu Porcu.

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