Immobilité...( 233 )
Jean Marc Frelier
Flots vivants (4)
poème symphonique n° 11
Majorana (53)
Ô musique
d'un flot qui emporte
d'un flot qui enroule
d'un flot qui déferle
d'un flot en force
d'un flot en douceur
d'un flot qui caresse
d'un flot qui secoue
ô musique
d'un flot qui cogne à la montée
d'un flot qui dévisse à la cime
d'un flot en force
d'un flot en douceur
nous pleurons toujours de la mer
comme notre sang parle
parle et reparle encore
du trop-plein de l'excès
des mémoires indivises
d'un flot qui garde
et d'un flot qui regarde
possessif nourricier
d'un flot qui devient
mains mains et multitudes
à nous hommes et femmes du poème
à nous le soleil qui point
quelque tête qu'il exprime
depuis nos nuitées longues
ô musique
ô musique
d'un flot qui longe et longe encore
d'un flot qui tournoie
d'un flot qui ouvre devant lui
jusqu'à joindre et jouxter
le ciel unique de chaque visage
comme l'alvéole se remplit
comme l'alvéole se remplit
comme le poumon s'élance
comme le poumon s'élance
comme le coeur se charge
se charge de ce qu'ensemble
ce qu'ensemble les yeux s'allument
les yeux s'irriguent
d'un flot éternel d'un flot éternel
qui conduit sa musique
d'être mots surgis en être mots surgis
aussi réels que nous croyons l'être
que nous le sommes
que nous le sommes
quand l'amour nous choisit de nouveau
quand l'amour nous choisit de nouveau
pour message et messagers
pour message et messagers
en seule et dernière réponse
à son flot incessant à son flot incessant
dont certes les voix meurent
les unes après les autres
dont certes les voix meurent
les unes après les autres
mais jamais non jamais
ses tourbillons d'encre
ô musique
ô musique
d'un flot irrésistible dont l'offrande
ne peut se tarir
d'un flot irrésistible dont l'offrande
ne peut se tarir
qui vient rompre l'entrave
l'entrave injustifiée de la chaîne
l'entrave injustifiée de la chaîne
délivrer le baume et l'onguent
délivrer le baume et l'onguent
auprès de tous les affligés
auprès de tous les démunis
auprès de tous les affligés
auprès de tous les démunis
qui fait rempart à la détresse
qui fait rempart à la détresse
et qui connaît mieux que quiconque
pour l'avoir vaincu
qui connaît mieux que quiconque
pour l'avoir vaincu
le souvenir inacceptable
le souvenir inacceptable
ô musique
ô musique
d'un flot dont l'offrande
ne peut se tarir
d'un flot dont l'offrande
ne peut se tarir
qui entre partout où se ferme le jour
qui entre partout où se ferme le jour
du sommet écrasant des tribunes
au fin fond scellé des cachots
du sommet écrasant des tribunes
au fin fond scellé des cachots
des bravoures restées pour toujours
anonymes
jusqu'aux murmures séditieux des manteaux
des bravoures restées pour toujours
anonymes
jusqu'aux murmures séditieux des manteaux
à travers l'insondable secret des crânes
dans l'intimité silencieuse des esprits
à travers l'insondable secret des crânes
dans l'intimité silencieuse des esprits
à l'écoute à l'écoute invariante de sa musique
de sa musique qui s'oppose et refuse
alors même que la nuit se résigne
à l'écoute à l'écoute invariante de sa musique
de sa musique qui s'oppose et refuse
alors même que la nuit se résigne
tout aussi et autant nécessaire
que l'eau et le pain rassasient
tout aussi et autant nécessaire
que l'eau et le pain rassasient
respire en toi les mots moissons les mots sacrés
du présent
comme tous ceux du passé lointain
encore gravés dessus les pierres
respire en toi les mots moissons les mots sacrés
du présent
comme tous ceux du passé lointain
encore gravés dessus les pierres
respire leur souffle immense qui te maintient en vie
respire leur souffle immense qui te maintient vivant...
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jean-marc frelier 26/10/2018 (ev)
“ dynamiques du vide “
copyright exclusif
Dédicace : M. Toson Shimasaki