Immobilités infinies...

Jean Marc Frelier


Ne me demande pas...


Ne me demande pas de te dire

ce que pour toi demain sera

même si je connaissais ta mort

comme ce qui t'y conduit

sans avoir jamais interrogé

le ciel ni quiconque

la mer serait sans mémoire

l'énergie invisible

et tous les arbres muets

comme gitane au foulard

penchée pour trois pièces

sur le manuscrit de ta main

anachronisme et folklore

tu sais bien que les aborigènes

vont viennent toujours le cul nu

que les augures gouvernent

toutes les mystifications

et tous les grands spectacles

que nombre de magies anciennes

se fournissent aux pharmacies

savantes des forêts les plus épaisses

puisque les voix psalmodiées

ne s'adressent en particulier à personne

l'homme aveugle croit seulement

en ce qu'il croit voir il ne perçoit

que ce qu'il écoute tellement de temps

a passé depuis son incertitude originelle

que le livre vivant des évidences

s'est progressivement effacé de lui-même

jusqu'à presque disparaître

il n'en reste plus que quelques bribes éparses

à l'instar du pouls qui se vérifie toujours

pourtant tu marches et je te sais

tu parles et je te vois tu dors et je t'entends

un geste arrive d'une nuit sur ton visage

comme le plus souvent tes yeux changent aussi

tu restes de très loin parmi

tous les animaux terrestres

le plus fascinant qui soit

à déchiffrer ne me demande pas de te dire

ce que pour toi demain sera du moment

que je te sens en corps à mes côtés

et chaque aujourd'hui présente

je maintiendrai bec et ongles que je l'ignore...


jean-marc frelier 03/01/2019 (ev)

“ dynamiques du vide “

copyright exclusif

Dédicace : M. Jorge Luis Borges

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