Impulsions...( 3 )

Jean Marc Frelier


La Horde d'or...( cinquième mouvement )


Le phrasé devra commencer

dans une amplitude soutenue

mais en aucun cas

sur un mode éthéré ou naïf

par une sorte d'évidence

qui s'installe sans heurter

comme une scène se découvre

peu à peu un rideau amovible

le propos recherché

n'étant pas de choquer

ni de surprendre

mais d'entrer simplement

au plus doux d'un climat

délesté du moindre effet défini

comme attendant quelque part

près d'une porte incapable de savoir avec précision

si elle vient de nous congédier fermement

ou au contraire si elle promet

de s'ouvrir devant notre présence imprévue

le phrasé devra commencer

dans l'instant flottant

où point l'énigme

sans s'attarder sur le cadre qui la contient

ni les émotions multiples

qu'elle pourrait provoquer

à l'instar de ce jour voulu exceptionnel

où nous voguions aveugles vers tel amour décisif

jour sans cesse réécrit par nos mille et un visages

et nos mille et une facettes

il est si important que rien ne se fige

pour nous rendre supportable

ce qui survient toujours

sachant évidemment parce qu'il faut être honnête envers soi-même

que parfois aussi les volcans pleurent

alors cordes entrantes à l'arrière des hautbois

en lieu et place de choisir

une quelconque direction émotionnelle

l'intensité les empruntera toutes en même temps

comme si elles n'en faisaient qu'une et une seule

à la manière de l'oeil qui s'élève

en progression verticale d'une paroi

dont l'ouverture angulaire

offre à embrasser l'horizon tout entier :


“ Aux gorges noueuses d'Alcantara

nous irons jouer le feu de nos musiques

marchant unis le long du volcan froid

vers le frisson des orgues basaltiques


le sentier sculpté de ravinements

creusera pour nous le lit de nos liens

sous le tambour de nos essoufflements

pulsés dans l'air chaud du soir sicilien


un rien surpris par le mordant glacé

des eaux trop basses acrobates et revêches

nos mains saisies tels des ponts enlacés

s'étendront presque au pied des berges sèches



et dessous l'arche de l'aube à venir

nos lèvres en crue tremblantes et violettes

s'empresseront fort jusqu'à en rougir

d'enflammer l'oeil des murailles indiscrètes



aux gorges noueuses d'Alcantara

affranchies de leur torpeur galactique

par le tempo encordé de nos bras

voudront valser les étoiles impudiques.”



Alors fête-moi l'amour

au plus haut d'une idée pour un temps

animale

sans noblesse excessive

ni misère efflanquée

que les corps aient des âmes

qu'ils soient vides et perdants

fête-moi l'amour

jusqu'aux ventres des nuits

que le soleil tombé

préfigure les suivants

sous les vagues assassines

sous les haines insatiables

que le ciel y réponde

qu'il se taise échaudé

que nos mains se supplient

qu'elles s'affrontent à tout va

encore plus aujourd'hui

fête-moi l'amour contre vents et marées...

.../...

jean-marc frelier 21/08/2017 (ev)

“ à ciel ouvert “

copyright exclusif

Dédicace : M. Ivan Tourgueniev

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