Inactif

peterpanpan

Désenchantement

Parfois je rêve d'une rue avec des amis et des tables, une petite rue tu sais, étroite et joyeuse comme une famille sur une plage d'été. Puis j'imagine des femmes parce qu'il en faut, à croire même que sans les femmes rien de cette rue n'aurait de sens, puisque c'est une petite rue qui a été faite pour sentir les cheveux et la peau chaude et accueillir leurs sourires. Ce n'est presque plus une rue, mais surtout des dents et des bouches de femmes, des chapeaux d'hommes assis et calmes. Et puis je ne sais pas quoi leur dire, ça fait longtemps que je ne sais plus parler. Est-ce que j'ai déjà réussi à parler ?

Je sens l'impureté de mes mots, l'odeur de pisse à ma fenêtre. Mon matelas sale par terre et mes douleurs au dos. Il va encore falloir vivre une journée sans savoir se donner les moyens d'obtenir ce que l'on veut. Je suis faible. Pourtant, quelque part, ça doit bien m'arranger de rester là à rien faire, dans ma crasse, non ? Sinon, pourquoi le ferais-je ? C'est même plus confortable, j'ai mal partout à force de rien faire, et quand je sors j'ai mal aussi, parce que je sors pas assez. J'ai tout le temps mal, partout. 

J'ai pas oublié mes besoins, mes besoins d'amour, d'argent, de reconnaissance. Mais je suis trop une merde pour faire le moindre pas. J'aimerai bien travailler et baiser, comme un mec normal. Avoir besoin de me laver, d'être présentable, de pas me sentir angoissé à l'idée d'aller faire des courses. Entretenir des amitiés. Pourtant plus je vieillis et plus je sens que tout ça est un luxe pour lequel il faut bosser, et j'en ai de moins en moins les moyens.

Va falloir faire quelque chose.

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