Instant

franekbalboa


Pluie.

Malgré cela j'ose sortir. M'aidant de ma canne, je me rends au bord de l'eau pour une petite promenade solitaire.

Cling-cling.

La canne offre un son métallique à cette démarche claudicante qui est la mienne. Je me suis bien couvert, étant un peu malade, un pull, une veste épaisse me protégeant des flots célestes, une écharpe couvrant un cou sensible au vent glacial et humide qu'offre cette journée. 

Cling-cling.

Au bord de l'eau, je file, en sens inverse, cela donne une étrange impression, celle d'être comme toujours opposé à la logique, fidèle à la mienne seule. Je continue mon parcours jusqu'à me retrouver sous un pont.

Cling.

Je m'assieds tranquillement sur le sol sec à cet endroit, je pose la canne sur mon épaule et me met à écouter la pluie. Les gouttes fouettent doucement l'eau, l'herbe et les arbres. Parfois l'averse s'intensifie et frappe alors plus fort. 

Je sens le froid humide qui commence à se diffuser en moi. J'aimerais que des bras m'enserrent. Les bras de qui? Ça je l'ignore... 

J'aimerais une étreinte simple. Une affection sincère, perdu au milieu de deux bras qui seraient protecteurs. Un berceau dans lequel je serai en sûreté, une forteresse qui me protégerait. Enserré doucement et chaudement, nos mains s'échangeraient leurs chaleurs comme pour continuer de communiquer entre elles. Une caresse du pouce sur le dos de la main droite, ma main gauche serrant un peu plus ce bras qui m'étreint. Je me sentirai bien. Simplement bien.

Oubliées toutes les préoccupations du quotidien, savourer ce moment serait la seule chose à faire, avec cette partenaire qui n'aurait rien d'autre à faire que d'être là...

Je reviens à la réalité, pas de bras sinon les miens, croisés, les coudes appuyés sur les genoux. Je me relève péniblement, toutes les articulations craquent, comme rouillées. La pluie continue de fouetter lourdement le sol. 

J'attends de longues minutes et reprends la route. Je rentre chez moi me mettre au chaud, me prendre une infusion de thym au miel pour la gorge, je m'installe confortablement sur le fauteuil, m'enroulant dans une couverture et réfléchissant à ce que je pourrai faire ensuite...

Finalement ce sera un film qui accompagnera cette solitude, les mains réchauffées par la tasse, un croissant comme repas.

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