Instant d'hiver

franekbalboa

Je me suis arrêté à 19h48.

Un message, deux, puis trois. Le téléphone continue de notifier ce qui arrive. Je suis recroquevillé sur mon canapé. Le patch commence à perdre en efficacité alors que la douleur costale se réveille doucement. La fêlure se fait de plus en plus sentir alors que mes pauvres mains tremblent comme rarement. 

Je suis épuisé. La neige sur la route, j'ai dû faire preuve d'une concentration intense alors que mes jambes avaient décidé de manifester leur présence par l'intensification du signal douloureux habituel. Dix-sept minutes à résister avant de m'écrouler. Je pourrais être au sol, je tiens en équilibre, en boule, assis sur ce fauteuil de bois. Je commence à avoir faim. Mais la douleur est si forte que j'en viens à avoir d'horribles nausées.

Les jambes, la côte, la main gauche... Tout flambe. Je me décide à attraper mon boitier. Allumant mollement téléphone d'une main parcourue de toujours plus de secousses, j'ouvre le programme et sélectionne les jambes. J'en arrive à la disposition des électrodes. Il y en a 4 à placer. Deux sur chaque genou. J'applique tant bien que mal celles-ci, et les relie au boitier. Je l'allume. Le signal de neurostimulation est lancé. Petit à petit des fourmillements parcourent mes jambes et la douleur diminue. Je peux me déplacer, remplissant mon verre avec la carafe présente sur la table.

Je m'assieds de nouveau, posant la tête sur le dossier, je me sens partir, m'évanouissant, la dernière image aura été ce velux nappé de neige...

Je me réveillerai de longues heures après, douleurs retrouvées, tremblements plus intenses encore, m'extirpant du fauteuil, fuyant jusqu'au lit, m'effondrant dedans, sachant pertinemment que la nuit sera trop courte...

Essayons quand même...

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