Instantané

franekbalboa

19h02

Comme chaque samedi après avoir travaillé, je m'affale sur le canapé. La fatigue et les douleurs me tiennent sagement installé. J'ai ma canne sur la petite table ronde qui est juste devant moi. En ce soir de St Patrick, je m'autorise une petite bière. Alors que j'en suis à la moitié devant une émission sportive, quelqu'un sonne. Ayant l'habitude que les gens se trompent, j'attends, deuxième sonnerie, plus insistante. 

Je me lève lentement, m'aidant de ma canne, je décroche l'interphone et reconnait une bonne amie à moi. Sa voix tremble, elle semble perdue. Je lui dis de monter. Elle arrive, et sitôt la porte fermée, elle fond en larmes en m'expliquant que l'homme avec qui elle allait se marier l'avait trompée. Je l'écoute patiemment. Je lui sors à boire, sans rien dire. Je l'écoute, attentivement, puis vint le moment où elle tombe dans mes bras. Je sens les larmes couler et tomber sur mes bras, je sens ses tremblements, les miens, qui ont une origine différente. Elle pleurera longtemps. Je lui prépare à manger, une salade, un peu de pain, comme je m'y attendais, elle n'a que peu d'appétit. 

Puis, sentant qu'elle aurait peut-être besoin d'une solution je lui propose de dormir chez moi. 

Elle fond de nouveau en larmes. J'attends plusieurs minutes avant qu'elle ne retrouve la voix. 

"Pourquoi t'es aussi adorable? Pourquoi tu l'es toujours? Pourquoi tu demandes jamais rien?"

Je réponds simplement, que c'est une amie, et que l'amitié c'est aussi être là dans les mauvais moments. On a toujours gardé contact. Une des rares personnes qui prenne régulièrement de mes nouvelles. Donc oui, je peux lui proposer de passer une nuit où elle n'aurait qu'à se laisser porter par Morphée. 

Elle finit par accepter. Dans son état, je doute que reprendre le volant soit une bonne idée. Je vais fermer la porte de l'appartement à clé, puis lui saisis la main, je l'amène à la chambre, puis fouillant dans mes affaires, je parviens à trouver un maillot et un short qui pourraient lui aller. Elle se change sans la salle d'eau, pendant ce temps, je débranche mes électrodes que j'avais mises en marche quelques minutes avant qu'elle ne sonne. 

Elle sort, elle s'est démaquillée, sa silhouette légèrement abattue se dessine dans le rectangle lumineux de la porte. Elle s'allonge et me demande d'une toute petite voix si je peux rester à coté d'elle, dans le lit. J'accepte, elle me demande de dormir avec elle. Je m'allonge, torse nu, comme à mon habitude. Elle hésite quelques minutes avant de venir poser sa tête sur ma poitrine, surpris, je sursaute, elle me demande si ça me gêne, je lui réponds juste que j'ai été surpris. Elle pose sa tête et enlace mon bras. Il est 21h12. Elle serre fort, je l'étreints légèrement, elle me sert plus fort. 

Patiemment, je la rassure du mieux que je peux. Sans mots, mes mains caressant son bras et passant dans ses cheveux, elle pleure de nouveau dans le noir, alors que je fais mine de ne pas le sentir, je la serre un peu plus, installant la couverture pour qu'elle soit mieux, comme dans un cocon.

Après de longues minutes, elle réussit enfin à s'endormir, son visage s'adoucit. 

Il est 22h08, et je m'inquiète pour elle, je suis bloqué entre ses bras, elle dort, je vais essayer de faire de même...

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