Instincts...( 233 )

Jean Marc Frelier


Etude...(19)

Je me suis tu...

(psaume 228)





Dessous

les chromes irisés

des langues de feu

du grand froid

je me suis tu

dessus

l'étuve infernale

des cratères épinglés

du désert ondulant

je me suis tu

devant

les cirques profonds

des falaises amovibles

du creuset de la nuit

je me suis tu

derrière

les nids d'abeilles frémissants

des enclaves insensées

du jour doux

je me suis tu

dans

les vacarmes intensifs

des ourlets décousus

du sommeil orbital

je me suis tu

hors

les silences éclectiques

des habits endossés

du réveil effarant

je me suis tu

hors

les broncas débridées

des coursives estivales

du diaphragme de l'été

je me suis tu

dans

les prisons hermétiques

des gréements lumineux

du brouillard hivernal

je me suis tu

derrière

les ombres ambres

des sillages cabotins

du magma de ton rire

je me suis tu

devant

les presqu'îles émotives

des clairières camaïeux

du chenal de ton souffle

je me suis tu

dessus

les arches attendries

des glissades affamées

du boisseau de tes bras

je me suis tu

dessous

les embruns inventifs

des buissons impatients

du ressac de tes lèvres

je me suis tu

entre

les reliefs engourdis

des ciels plats

du matin respirant

je me suis tu

contre

les à-vifs invariables

des visages inhalés

du soir vague

je me suis tu

à l'endroit

de ces tambours métronomes

des régates excessives

du ballant du bonheur

je me suis tu

à l'envers

de ces écarts asynchrones

des manèges fanfarons

du ixième tour absent

je me suis tu

parmi

les masques ludiques

des prouesses certifiées

du plus joueur des hasards

je me suis tu

par-delà

les boussoles nébuleuses

des novae incrédules

du zodiaque immobile de nous-mêmes

je me suis tu

par-delà

les voltiges éphémères

des origamis émiettés

du printemps délicat

je me suis tu

parmi

les rouilles intrépides

des tombants ébahis

du déclin de l'automne

je me suis tu

à l'envers

de ces crescendos communicatifs

des jaillissements contagieux

du partage opulent de ta joie

je me suis tu

à l'endroit

de ces palpitations binaires

des interfaces invisibles

du delta de ta bouche

je me suis tu

contre

les parois magnanimes

des écluses salvatrices

du bercement de tes mains

je me suis tu

entre

les non-dits prononcés

des motus éclatants

du barouf de tes mots

je me suis tu

qu'aurais-je pu dire

d'humble et de vrai

de grave ou d'intense

que je ne me serais

pas reproché ensuite

sur ces soleils ébouriffés

qui viennent par vagues

pour butiner à ta splendeur

l'acmé limpide

de ton offrande irréfutable

qu'aurais-je pu dire

de pauvre et d'inutile

de terne ou d'en trop

que je ne me serais

pas reproché ensuite

sur ces Everest épuisés

qui ploient leur masse

pour découvrir ce plein de ton visage

conscients d'avoir

comme privilège

tant la hauteur que l'effacement

qu'aurais-je pu dire

de ces rivières qui vrillent par vingt

pour s'abreuver de ta présence

auprès la source inextinguible

de tes profondes inspirations

où plus qu'ailleurs

pulsent et jaillissent vers moi vers elles

le flot fertile le flot constant de tes apnées

qu'aurais-je pu dire de Toi au Monde qui le complète.


jean-marc frelier 09/04/2018 (ev)

“ à ciel ouvert “

copyright exclusif

Dédicace : M. Aharon Appelfeld

  • Merci Jean-Marc pour ce trésor de délicatesse et d’humilité. Le silence est peut-être d'or, mais votre parole brille d'un éclat bien plus grand.
    Amitiés.

    · Il y a environ 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • très touché par le ressenti de votre commentaire empreint de gentillesse je me trouve bien en mal d'y répondre autrement que par une accolade symbolique pétrie de sincérité...Amitiés Julien...

      · Il y a environ 6 ans ·
      Snapshot 20120624

      Jean Marc Frelier

Signaler ce texte