Isolement

diane92

Les crêpons rubis tournent et flottent embarqués par la mélodie du vent glacé au crépuscule. Ils tiennent bien serrés leurs bourgeons verts, piqués d'yeux brillants plus foncés que les fils d'acier qui les tiennent ancrés dans le sol. À côté d'eux, le gravât est dur, son odeur monte et se disperse en cognant la surface rude de la pièce maîtresse du tableau funeste.

Les lisses crinières blanches, usées et toujours sales, s'effritent gentiment le long des coeurs inanimés en cassant la marche de l'eau tombant sur les abats d'étoiles terrestres. Sous ce pavillon se plient les veloutés pourpres et indigos de l'été ; ils se balancent et hurlent emportés par la bise diamant du ciel couvert.

L'agresseur invisible goûte la roche et l'avale, engloutissant les éparses papiers colorés de son corps : ils volent en éclats.


Tapissier de ce rêve, le cercueil endeuillé entraîne et fait résonner le chant de tous ses éléments, volés à la vie, condamnés au désert, ramenés sur les hauts plateaux, au-dessus du village. Isolement.

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