ITE MISSA EST
paratge
Il y a un instant, l'avenir s'est éteint.
Après des mois obscurs, l'éclaircie était née
Mais l'odieux l'a happée, cisaillant mon destin,
Me privant de tout air, livré à mon apnée.
Ma vie ne me veut plus. Elle s'éloigne de moi.
J'ai cru la retenir et renouer les liens
Mais ce que je sentais depuis bien de longs mois
S'est trop enraciné à l'engrais italien.
Le plus inconvenant dans cette hideuse affaire,
C'est que j'ai apporté ce vil amendement
Au pied même de ma vie, pour qu'elle récupère
L'entrain qui avait fui, inexorablement.
Et ce fertilisant s'est muté en poison
Car la confiance aveugle que j'y mis sans détour,
Pour élargir au mieux son plus bel horizon
A juste été perçu comme du désamour.
L'ignoble obscurité m'a tôt enseveli
Sous son épais linceul, terrifiant et glacial.
Si lourdement drapé, je ne suis que chienlit,
Au mieux une imposture, un pitre, un asocial.
La faucheuse m'appelle, mais elle ne m'aura pas.
Que pourrait-elle donc faire d'un homme à demi mort ?
Et je suis bien trop lâche pour penser au trépas
Même si de ma vie j'accepte tous les torts
Car j'en ai tout créé et suis seul responsable
Si tout ce que j'ai fait est réduit à néant
Tel un château de pierre redevenant du sable
Qui s'écoule cynique, entre mes doigts béants.
Je resterai donc là, solitaire et sans vie,
Attendant désœuvré, que le séjour finisse
Avec au fond de moi une vraie seule envie,
C'est que, où elle voudra, ma vie s'épanouisse.