J'ai fait un rêve

J'ai fait un rêve d'enfant sage assis sur un nuage aux rondeurs moelleuses. C'était un rêve qui rendait léger l'air que je respirais. Peu importe le propos ou l'histoire de ce songe étrange, j'étais bien dans le lit de ma mère, fait de plumes et de chaude tendresse. Quelque part dans la chambre ça sentait un parfum de lait et de lavande qui rendait l'atmosphère plus sereine. J'étais ce rêve, j'étais cet enfant barbouillé de la boisson maternelle. Une musique me parlait comme une langue trop bavarde qui n'arrêtait pas de se répéter et m'entraînait dans son tempo entêtant jusqu'à mourir dans un soupir d'aise. C'est ainsi que les enfants naissent dans le sillon d'un ventre torturé d'amour et de douleur. Au jour de ma naissance, combien d'enfants sont nés et ont pleuré, soulagés par la délivrance bienfaitrice après les hurlements de leur mère? 

Cela fait longtemps que je ne me suis blotti contre ma mère. Je fais mon grand, parfois je n'ose pas l'embrasser de peur d'éclater en sanglots. Pourquoi? Je ne sais pas. Y a des jours comme ça, on voudrait rester et s'endormir dans son lit d'enfant. C'est ce que j'ai fait la nuit dernière. Quand je me suis réveillé, j'ai senti dans la cuisine à côté un parfum de lait et ma mère qui pépiait, heureuse d'avoir de bon matin son fils aîné. Question discrétion ma mère n'a jamais été forte! Je la préférais avec ses rondeurs ma mère. La vieillesse l'a asséchée comme une plante au soleil, fort heureusement les rides l'ont épargnée! Elle n'a jamais rien mis sur sa peau ma mère. Et pourtant elle a toujours gardé ce parfum de lait et de lavande qui m'emporte en enfance chaque fois que je l'embrasse.