Je chante sans chanter

rechab

dessin H Matisse : la dormeuse


         Je chante sans chanter,
mes pensées font une sarabande
et se déroulent au fil de la nuit.


        Tu dors, ne te rends compte de rien,
alors que je suis le funambule
qui se joue des espaces,
traverse mon enfance,
plante des aiguilles dans mon cœur.


Je veille sur le temple,
je sors des oriflammes
et les dédie à l'amour :


C'est comme un grand vent
qui emporte tout
des années passées.


Je parle sans parler :
mes pensées sont silence,
on ne peut les inscrire sur du papier.


Tu dors,      et je veille sur ton sommeil,
qui s'ourdit d'étoiles,
parmi lesquelles tu voyages.


         Nous nous retrouverons à l'aube,
dans le jardin des draps défaits,
et tu ne sauras rien
de la nuit passée derrière la terre,
ni des soupirs du temps
qui s'efface.


           J'ai vu ton corps alangui,
j'ai senti ton corps se soulever doucement
avec une respiration régulière,
j'ai joué avec les mèches de ta chevelure
étalées sur l'oreiller,
et je t'ai contemplée dans ton absence.


Je te parle sans te le dire,
mais tu me fais comprendre
qu'il n'est pas nécessaire de parler.


Seuls les gestes ont une saveur ;
tu me prends dans tes bras,
et tu me regardes :
C'est comme la naissance du monde,
ponctuée de ton sourire.


RC

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