Je m’insurge !

Bon, passons et revenons à nos moutons. Ah, j'n'avais pas commencé ! Alors, je commence.

Un guitariste de concert change ses cordes à chaque représentation. Elles ne sont pas usées, mais le son a perdu de sa bruyance. Puis, il s'en fout, s'il est connu, il a un gus qui le fait pour lui. Il entretient tout son parc de guitares, les accorde, fait les pleins et le gonflage.

Les indiens aux fleurs dans les cheveux, trimbalaient des guitares acoustiques, qu'ils appelaient sèches, car ils aimaient la mer, même si ça ne s'écrit pas pareil. Elles avaient les cordes non coupées, enroulées sur la crosse, au cas où elles pourraient resservir en faisant un nœud. Bon, je ne peux pas trop critiquer, les indiens, j'étais dedans.

Il n'empêche que des cordes jamais changées à part pètage. Mais comme c'est toujours la chanterelle, la plus fine, qui pète. On la remplaçait par une grosse. Ça changeait tout, mais on s'en foutait.

Bref, une corde rouillée, bricolée, n'a plus exactement le même son que son originale. D'ailleurs, certaines n'avaient même plus de son. Je précise, pour ceux qui n'ont pas une bonne oreille, qu'on peut aussi sentir l'usure des cordes aux doigts. Ça colle et ça fait penser à du barbelé.  Donc, les cordes muettes n'émettaient plus qu'un léger glingue désaccordé, qui veut dire en langage cordes « Grace ! »

Pas de pitié, pas de pètage, pas de pause. Bref, même toutes les cordes aphones, on continuait à jouer quand même et c'était pas pire.