Je suis heureuse

bern

J'aimerais débuter en vous avertissant que l'écriture de ces lignes n'est aucunement un appel à l'aide. De l'aide, je n'en ai point besoin. Ce n'est guère une question de honte, loin de là même. C'est seulement que je sais consciemment que personne n'a la capacité de m'aider. Et même si elle l'avait, je suis trop têtue pour les écouter. Non, je préfère gérer mes problèmes de manière individuelle. Comme ça, je suis la seule responsable de mes faits et gestes.

***


Je souris tout le temps en public. Je considère cela comme une nécessité. Le sourire est un  geste des plus simples pouvant apporter un petit quelque chose à la personne à laquelle il est adressé. C'est un geste, à la limite, de solidarité. «Je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans ta vie, mais j'espère que tout va pour le mieux».


Je ris tout le temps. J'imagine que c'est un façon pour moi de partager la bonne humeur. Le rire est contagieux, donc j'imagine que la bonne humeur l'est aussi.


J'aide tout le temps les gens. C'est ma façon à moi de me libérer de mes problèmes. Je suis une personne altruiste, peu importe ce que certains individus diront. Je ne tolère pas que les personnes m'entourant soient tristes. «L'union fait la force» après tout. Je veux les soutenir et donner tout ce que j'ai afin qu'elles soient les plus épanouies.


Je suis heureuse. J'ai tout le temps ce que je veux. Je voulais changer d'école. J'ai changé d'école. Je voulais des bonnes notes. J'ai de bonnes notes. Je voulais patiner et obtenir de bons résultats. J'ai fait quatre championnats canadiens et une qualification nationale. Je voulais être bien entourée. J'ai des ami(e)s exceptionnel(le)s. Bref, tout va pour le mieux.


Par ailleurs, je suis une championne de l'illusion. Je n'ai aucun mérite. C'est tout naturel chez moi.


Je souris tout le temps en public. Je ne veux pas que les gens ne s'apitoient sur mon sort. Je n'en ai pas besoin. Le sourire, c'est mon masque. Je cache tous mes sentiments sous celui-ci. Chaque individu a ses propres problèmes. Je ne vois pas comment ajouter les miens à l'équation pourrait être une bonne idée. De toute façon, je suis forte. Je me relève tout le temps.


Je ris tout le temps. Je pense que c'est un automatisme, une protection. Je ne peux partager mes souffrances avec les autres. Je n'en vois pas l'utilité.


J'aide tout le temps les gens. C'est ma façon de fuir mes problèmes. C'est plutôt ironique, je sais. Mais ça me permet de me sentir utile pour une fois.


Bref, je suis heureuse.

  • Sourire aux autres, c'est non seulement donner un peu de bonheur, mais c'est nous en donner également...et ça, ça fait un bien fou ! Et puis il faut bien se dire que nous ne sommes pas les seuls à avoir des misères, des problèmes, cachés derrière des sourires, que les gens que l'on croisent en ont forcément aussi.
    Un bon texte !

    · Il y a environ 7 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci!

      · Il y a environ 7 ans ·
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      bern

  • tous les problemes ne sont pas solubles dans l'altruisme et l'utilitarisme. comme vous dites , il y a un coté fuite en avant, aider les autres plutôt que s'aider soi.
    comme disait une youtubeuse, aider les autres, c'est facile. s'aider soi, vaste programme.

    · Il y a environ 7 ans ·
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    Hi Wen

    • tout est affaire de mesure, dans un sens comme dans l'autre. l'hyper-centrage sur soi est autant pathologique que l'hyper-décentrage. j'ai été très surpris d'ecouter sur youtube un témoignage d'une jeune femme qui énoncait les travers de l'excès du don de soi. effectivement, le sens commun nous a plutot habitué à entendre l'inverse.

      · Il y a environ 7 ans ·
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      Hi Wen

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