Jeu de quilles

poulpita

J'ouvrais les yeux ce matin là. Un matin tout simple. Pas plus audacieux ni rampant qu'un autre. Un matin. Je me levais. A chaque pas sur les tomettes accueillantes, je sentais un coup. Heurts, canif et flèche. Je vacillais. On me lançait des objets. Bombardement. Mes piliers.  Entamés, un à un. Artillerie lourde. Ça flanchait.

Un jeu de quille. Un je de quilles. Les quilles, et moi. Je m'offusquais. Je reçois ces balles. Je prends ces rebonds. Pourquoi si lourds ? Pourquoi si tranchants ? Qui me vise ainsi, qui me veut ce mal ? demandais-je. Il me fallait un coupable. A pendre haut et court.

Je glissais dans mon boudoir. Du coin de l'œil, dans le miroir. Je vis. La ressemblance. Comme deux gouttes d'eau. Je me vandalisais. Je me jetais ces pierres, des billots de bois mal taillés. Je me lapidais.

Je me pris dans les bras, et m'invitais au café. Nous règlerons cela à l'amiable, me dis-je.

Signaler ce texte