Jeux de pieds, jeux de bons à rien.

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Quand j'étais jeune, je travaillais dans une Entreprise où on organisait des matches de foot inter-services. C'était plus qu'amical, c'était convivial, ouvert à tous. A ceux qui n'avaient jamais touché un ballon rond ou carré du reste, comme à ceux qui se croyaient des champions du ballon triangulaire. On était entre Platini et l'abbé Pierre.

Donc un jour, où ce n'était pas la nuit d'ailleurs, il y avait une rencontre amicale inter-services entre la comptabilité à bretelles et le bureau d'études ratées. Nous étions à Bagatelle dans le bois de Boulogne, où plusieurs terrains de foot se jouxtent sur une grande étendue à perte de vue, même avec une longue vue… Terre ! Terre ! Que des Terrains de foot ! Criait à tue-tête la vigie.

La partie était commencée, une balle qui roule et une multitude de mecs qui courent en tout sens, mais tous dessus, en ayant complètement oubliés leur position de jeu. Seul à l'arrière le goal, consigné dans sa cage et un de ses défenseurs, qui n'avait pas suivi la ruée vers l'or, attendaient que le temps passe, c'était assez calme et notre arrière à l'arrière commençait à manquer de concentration…non c'est trop… d'attention, disons, ça suffira ! Il regardait à droite des corbeaux qui se chamaillaient une noix, il se tournait à gauche pour voir passer deux filles en jupes légères. Bref il passait le temps comme il le pouvait, le pauvre. Il ne se faisait pas proprement chier, il rêvassait salement, heu… seulement, plutôt.

Quand un shoot violant le sortit de ses rêveries oniriques et non onanistics comme l'on dit trop souvent à tort. Il n'écouta que son devoir d'arrière et que son courage de guerrier intrépide pour s'élancer à l'assaut des assaillants, pour défendre son but, son goal, son équipe, sa Patrie, son Honneur… Tayaut ! Sus à l'ennemi infâme qui viole nos femmes et corrompt nos enfants ou l'inverse… (Non, c'n'est pas vrai ! J'n'ai rien dit de tel, c'n'est même pas moi !) Il traversa la barrière de délimitation des terrains et s'invita dans une autre partie, dans la surface de réparation, celle qui est juste devant le but. Celle, où il est formellement interdit, par la fédération, de piqueniquer ou même d'y niquer, seulement sans même y manger.

Imaginez, donc, des joueurs qui voient un parfait inconnu venir tourner  autour de leur ballon en parfaite désorganisation, taper à droite dans les tibias d'un bleu, à gauche dans les couilles d'un rouge, ça fait désordre pour le moins, tout ça pour finir par balancer le ballon à quarante parpaings du but.

Nous avons dû aller le récupérer pour lui expliquer qu'on ne jouait que sur un seul terrain à la fois, que c'était déjà assez fatigant comme cela et que les autres équipes n'appréciaient que mollement les invasions intempestives de conquérants colonisateurs venues d'une autre planète footballistique, même avec des lunettes de soleil, un short à bretelle et des chaussures de ville.

In fine, nous avons tous bien rigolés, car il y avait bien de quoi et ça le valait bien !