Jeux interdits

menestrel75

à pratiquer en écoutant Narciso Yepes
Gaie romance de cette belle saison
Qui chante en mon cœur polisson
Le doux charme de ces folles moissons

Dans la foulée de mes pas qui arpentent
La tiède herbe folle de la campagne avoisinante
Le tintement de la cloche de fer qui serpente
Entre les blés et les doucereuses sentes
Me remémore par la présente
Ces chaudes journées que l'on se représente
Avec l'être cher tendrement aimé que l'on embrassa jadis
Et le souvenir de ta main sur mon membre, ainsi, raidi
S'impatiente…

En ces lieux mêmes où nos jeux anodins 
Se mêlaient à nos bizarres entretiens 
Résonnent encore en ces meules de foin
De ces discussions folichonnes 
Où nous nous en cachions, ma mignonne :

«-Comment, monseigneur, vous ne pouvez pas !?
-Mais, jeune donzelle, j'insiste, de grâce, laissez-moi, 
…voir seulement un instant, ce que je ne devrais pas !
-Mais, je vous connais, monseigneur, excité comme vous l'êtes,
vous ne pourrez pas vous retenir de toucher, certes…

-Seulement un regard, tendre beauté, vous me le devez!
-Un simple regard, dites-vous ?
-Allez, décidez-vous…
-De grâce, n'abîmez point ce corsage lorsque vous le dégraferez!
-Comment, tout à coup, vous me le permettez ?
-Comment arguez devant votre noble insistance
-Et, vous, ma jolie, devant la naissance…
…de vos charmes!»

Et nous continuions ainsi, dans les herbes et les foins, hé dame!
Ces plaisirs quasi interdits dont nous suivions les trames :

«-Quel splendeur lorsque c'est mis à nu !
-Vous trouvez, monseigneur ?
-De grâce, taisez-vous, j'admire ces fruits mûrs
…que vous avez si près du cœur,
Et le temps est venu…
-Oui ? Vous en êtes sûr ?
-D'offrir à ces charmes qui s'accointent…
…ce qu'il réclame, je vous en conjure…
-Qu'est-ce si ce n'est votre lance qui pointe…
…sous le gonflement de vos vêtements ?

-Vous aviez remarqué ? Depuis quand ?
-Comment dire ? C'est assez imposant…
-Et assez impressionnant, oserais-je le dire…
-Je ne voudrais, monseigneur, médire…
…mais ne devrais-je pas le libérer de son emprisonnement ?

-Nenni, pauvre fille, ne gâchons pas l'instant du moment !
Contentez-vous d'y mettre la main seulement…
-Mais, c'est diablement dur et gros, je le confesse…
tout en palpant, je le reconnais maintenant…

-Et moi de mon côté, le temps me presse…
…sur votre poitrine nue d'y mettre la mienne…
-On avait dit pas touche…
-Alors, rien que la bouche ?
-Qu'à cela ne tienne…
…ne serait-ce pas une autre façon de me profaner ?
Je suis encore vierge, vous le savez…

-Vous profanez, vous, gentille enfant, vous me désolez ?
Rien qu'un chaste baiser, alors ?
-Où cela encore ?
-Ici, pour débuter, dans votre cou, je vous embrasse…
-Monseigneur, le contact de vos lèvres m'embarrasse…
…d'une manière que je ne saurais expliquer
…à la fois agréable et tout autant que déraisonnable…

-Allez, charmante jeune fille, laissez-vous aller… 
à des sentiments pour vous, cette fois, si méconnaissables
-Monseigneur, je dois vous l'avouer vous me faites ressentir
…des plaisirs jusqu'ici inconnus alors que vos lèvres si douces
…se pressent sur mes seins dont les pointes sont maintenant si dures…
…que je ne sais plus quoi penser sans vous mentir.

-Peut-être qu'en vous allongeant, ma belle, sur ce tapis de mousse,
vous serez ainsi plus confortable pour poursuivre ces ébats sans censure...
que nous avions entrepris avec votre consentement, ne l'oubliez pas!
-Je ne l'oublie pas, mais je me demande d'où me vient tant d'émoi…
…sous ce feu brûlant, dévorant soudainement mon corps à demi-nu.

-Ne vous inquiétez pas, jeune fille, bien qu'à demi-vêtue…
…tout ceci, est fort normal
-Vous voulez dire que cette fièvre qui m'attise…
N'est pas un mal ?

-Bien sûr que non, je vous en avise…
-Et cette moiteur que je ressens d'entre mes cuisses 
Alors que sur mes seins, plus longtemps qu'il ne devrait…
vous vous attardez ?

-Laissez, voulez-vous, vous me déconcentrez…
…et vous avez la peau si lisse
…qu'il ne m'en faudrait… 
…de peu pour que je vous empale en ce lieu propice!
-Peut-être qu'un autre baiser, en attendant,
…vous permettra de refréner votre ardeur actuelle
…si vous les posiez sur mes lèvres charnelles

-Je ne dis pas non, ma chaste enfant, 
Mais dites-moi donc lesquelles ?»
-Celles-ci, Monseigneur,…enfin… celles que vous ne voyez pas…
Baissez mes dentelles… là… voyez… oh… 
Adorable mignonne, la marée du désir a trempé vos dentelles
Vos lèvres sont violines tant elles sont gorgées… 
-Taisez-vous, je vous en supplie, n'ajoutez pas à ma confusion

... et nous refermions ainsi le livre que nous lisions sur ces courtisanes
... du siècle dernier, alors que ta main s'attardait encore sous les plis de ma soutane.
Alors, que dans les champs s'égrenait le son de la cloche appelant les fidèles
Et me disais-tu à ce moment : «Est-ce un mouton qui bêle ?»
«Ou un autre animal qui vêle ?»

Et moi de te répondre : «ni un ni l'autre, seulement la cloche…
Me ramenant à mes vœux et à mon sacerdoce…»
-Eh bien, mon dévergondeur, dépêchez-vous de vous rendre à votre lieu de prière…
Et demain, vous me lirez la suite, ce nouveau chapitre dont vous me parliez hier»
-Bien sûr, mon enfant, sois sage, et garde-toi des démons!
Et nous nous égayions de par les prés solitaires
Ne sachant si nous avions fait le bien ou le mal comme de raison!

Résonne encore en moi, sensiblement les mêmes tourments que cette douce langueur qui fredonne
encore en moi, ma mignonne :

Gaie romance de cette belle saison
Qui chanta en mon cœur polisson
Le doux charme de tes folles façons
  • C'est le printemps qui t'inspire à ce point, Ménestrel ? Tu es en verve et tu atteins des paroxysmes ! :)

    · Il y a environ 7 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Voilà un monseigneur bien polisson !
    Quel texte ! Celui que j'ai lancé juste après le vôtre est bien pâle copie !

    · Il y a environ 7 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • ...et le curé l'est tout autant...

      · Il y a environ 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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