JOSHUA RED(gentle)MAN concert

Christophe Paris

À l’aise avec ses anches, classe sur les planches, ze saxophoniste of de sa génération.

Un compositeur-interprète du cœur aux doigts de fée en feu follet. Un artiste qui vous envole bien loin de tout vers d'insoupçonnables lointains. C'est ça l'homme rouge, pas seulement un saxophoniste ultra doué mais également un créateur de mélodies pleines de force, d'émotions et de tempos de vie. Un sang de musique qui coule de son souffle à vous en tornader le cortex le temps d'un concert.

Red. Rouge.

Rouge comme la lave qui coule de ses doigts de feu, brûlant son métal jaune dont il tire la quintessence. Chaud braise des mimines, le saxophoniste peut passer du plus cool aux tempos les plus énervés dans une fluidité virtuose à vous laisser bouche bée avec la bave qui coule … Tous les touchers, tous les souffles ou sonorités venues d'ailleurs passent avec force ou douceur, vitesse ou lenteur, un pur bonheur.

Vous hissez le pavillon du « n'en jetez plus » mais ça continue à envoyer de la culasse. Votre corps et son bocal, suspendus à un temps qui n'est plus, se laissent happer jusqu'à en oublier le lieu du concert.

La Philharmonie. Excepté qu'à cet instant vous êtes téléporté dans un vieux bar à jazz, flouté de fumée et confiné, avec un seul désir, figer l'instant pour toujours y rester, ne plus en redescendre.

Impossible, le groupe en éruption vous ramène sur terre.

Deux vieux briscards en basse et batterie. Dégarnis du bulbe, l'estomac témoignant des restos visités durant la tournée, les deux cocos envoient donc, du lourd. Étrange phénomène que le flux musical qui transcende un vioque en minot de vingt balais avec l'expérience du lion solitaire.

Des balais, mais aussi des baguettes, celles du batteur. Véritable horloge suisse qui balance des "coucou" à ses fûts et cymbales dans tous les sens, tout le temps, sur tous les temps. Lui, en y réfléchissant, il a deux djeunes à l'intérieur de son dedans, au total quatre bras. Un minimum pour suivre la contrebasse de l'homme en noir au teint pâle. Un look d'ogre avec parfois l'attitude qui va avec, poussant à l'extrême chaque geste le métamorphosant en zombie sous haute tension totalement fusionné à sa caisse de résonance.

Et puis, et puis, il y a le cornet à piston… Un timbre qui dresse les poils à chaque seconde, avec cette position si typique à bon nombre de joueurs de ce cuivre génial. Un musicien jambes serrées, pieds joints, genoux pliés et courbé du torse sur son instrument. Totalement centré sur le cuivre magique. Un morceau de Don Cherry et vous êtes cuits, c'est la bascule totale. Fini la gravité, vous flottez.

La grande classe, comme celle du saxo.

Un Joshua Redman en costard cravate avec sa gestuelle technique si typique. Ses compressions de poumons avec l'épaule qui joue les accordéons. Le corps, les genoux, les jambes, se plient s'étirent ou se tassent. Scotché au tempo la gestuelle est belle, le résultat magnifique. Une armée de postures techniques avec pour seul objectif, le son. L'augmenter, le tenir, ou au contraire le laisser fuir. Sa technique se métamorphose en esthétique pure. Tout est lisible, limpide. Redman est à livre ouvert et vous dévorez chaque ligne de basse ou de cuivre comme un môme devant un pot de Nutella tout juste ouvert… Vous êtes toujours bouche ouverte incapable de parler.

Parler.

Joshua parle à tout le monde. D'abord à ses musiciens, qu'il encourage chacun leur tour, qu'il booste de "oh" de "waow" les poussant encore plus loin dans leurs solos. Ils s'amusent et vous aussi, spectateur assis à gambettes gigotantes. Il parle au public, toujours smart, voix posée, demi-phrases, silences, compliments à l'auditoire avec petite blague admirative sur le bâtiment en lui-même et son acoustique.

C'est non seulement une bête de scène qui mouille sa chemise avec des musiciens aux températures proches d'un sable de crique en plein soleil. Mais également un artiste resté lui-même sans chichis « just like that ». Une belle humilité d'humanité qui lui permet de se mettre les 2000 spectateurs dans la poche et à Paris c'est pas fastoche.

Sourires, larmes où yeux rougis, les cœurs laissent passer leur lumière quand revient celle de la salle.

Le concert est terminé.

Le rappel est terminé.

Mais pour vous tout va continuer, jusqu'à en surfer sur le net et prolonger l'instant en commandant l'album….

Un Moment de grâce à la magie musicale envoûtante.

Ne le ratez pas quitte à faire un voyage dans une contrée d'Europe si billet pas cher J

Prochain concert prévu en France, mi-2020 me semble-t-il.


JOSHUA REDMAN "STILL DREAMING"

Joshua Redman - saxophone

Ron Miles - cornet à piston

Scott Colley - basse

Dave King - batterie


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