Jouer avec le coeur

Sy Lou

Reprise du texte "Dans ma poitrine", mais versifié cette fois. J'ai oublié de préciser précédemment que la dernière strophe m'a été largement inspirée par un comm. de Fî, que je remercie au passage :)

Un battement, un autre : c'est mon cœur.

Il bat, joue la samba, instinctivement.

Il pulse, impulse la vie, animalement.

Métronome infatigable toujours au labeur.

 

J'écoute sa musique régulière attentivement.

Dans quelle source puise-t-il sa conviction ?

Sa raison de persévérer, sa propre motivation ?

Pourquoi, parfois, s'imposer cet entêtement ?

 

Soudain, à un détour de la vie, le voici affolé,

Submergé, en proie à un choc émotionnel.

Il bat la chamade sur un rythme fractionnel.

C'est sûr, on l'entend à la ronde, débouler.

 

J'ai croisé, un jour, un bourreau des cœurs

Mais, tout aveuglée, je lui ai ouvert le mien.

Écoutez-le battre juste pour vous, ce lien...

Entrez donc, lui ai-je dit, vraiment de bon cœur.

 

Cœur à cœur, on bat beaucoup plus fort.

Cœur contre cœur, on a tellement plus chaud.

Il fait si calme, si tendre ! L'espoir sort du cachot.

J'ai tant de raisons de chercher un réconfort !

 

Mon corps connaissait le vôtre par cœur.

Le temps semblait s'être arrêté pour nous.

Vous saviez que les craintes se dénouent,

En laissant s'épancher doucement son cœur.

 

C'était mon âme, ivre de vie, qui palpitait

Quand la vôtre réchauffait mon cœur.

Votre amour m'inondait, ardente liqueur…

Je vivais le cœur léger, sans autre nécessité.

 

Mais un jour, perfidement, surgit le doute.

Je voulus comprendre, en avoir le cœur net

Et découvris votre cœur de pierre. Sornettes !

Tout n'était qu'illusion, trahison. La déroute !

 

Abattue en plein vol, poignardée à mort,

Vous avez arraché mon cœur sans état d'âme.

À cœur joie, vous avez plongé votre lame

Dans mes sentiments sans aucun remord.

 

Un battement, puis un autre : c'est mon cœur.

J'ai mal au cœur comme jamais. Atrocement.

Il pulse, impulse du poison. Mécaniquement.

Métronome insupportable empli de rancœur.

 

Comme c'est fragile, un cœur… Il bat, il vit,

Et se déchire à rien, se transforme en ruines.

Mais, paradoxe, survivra de ses quelques racines

Qui le maintiendront vaille que vaille en vie.

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