Jour 2

Mathoodlia

Lundi, 8h. Je me réveille dans un lit qui n'est pas le mien. Les annonces d'hier me pressent, j'hésite à partir aussi tôt pour faire ce que je dois faire. Mais, je sais que, demain, on va me conseiller de profiter de mon temps, de lire, de penser à moi et mes proches, d'écrire, de dessiner, de méditer. Alors, pour la dernière fois, je serai en retard. C'est décidé. Je prends mon temps, baise une dernière fois et je m'en vais. Chez moi.
Je fais une dernière machine, le linge mouillé directement dans un sac Carrefour, il séchera plus tard, il aura le temps. Ma sœur passe, déposer ses réserves de bouffe, qu'elle n'utilisera pas, parce qu'elle s'en va, loin d'un chez elle, près d'un chez lui, d'un amoureux qui l'aime et qu'elle aime aussi.
11h30, le confinement sera déclaré dans trente minutes, il faut que j'aille vite. J'ai peur d'être coincée seule. Comme je suis toujours, mais là ce serait difficile, de ne pas vivre avec quelqu'un ma solitude. J'hésite à prendre le métro. Il y aura du monde, des personnes contaminées, des personnes malades, des personnes chiantes et des gens qui puent. Mais ma valise est lourde, mon sac à dos rempli de bouffes. Marcher me tire sur les cuisses, même si c'est la dernière fois, je préfère prendre le risque de voir ce monde que je ne supporte pas.  
Le métro est plein, les files attendent devant les magasins. C'est bon. J'ai le temps. Marche, métro, marche. Je tape à la fenêtre, entre par la porte. Vide mon sac, remplis les armoires.
Réfugiée sanitaire, j'immigre rue de Nantes à deux kilomètres et cinq cents mètres de la rue Meurein.
Ça commence.


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