Juin équinoxe

Christian Lemoine

Un juin fantaisiste et colérique. Il en était de ce mois, ainsi. Un juin qui s'appliquait à incarner l'automne, qui invitait solstice à se faire équinoxe ; et vent furieux, et là-bas marées empâtées d'orgueil, et ici branches fracassées. Les nuages impatients s'écharpaient en méchantes bourrasques. Ils feulaient au ras des houppiers, ceux-là trop tourmentés pour s'avoisiner encore en front uni. Chacun à l'heur de ses racines, en cette saison déboussolée. Juin, qui s'abouchait à toutes les haleines de la disgrâce des ramures, gorgé des infusions des feuillées expulsées vers des frontières anéanties. Dans les rafales, le fouet cinglant d'une chevelure aimée, suggérée par des fumées hirsutes, venait frapper le visage, cuire les larmes aux pommettes ; avant que le vent les submerge, dans cet orage sans pluie.
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