Juliet & Juliette.

Juliet avait le physique neutre.

Le visage de la virginité, le corps composé de lignes simples et l'aspect d'un nouveau né.

On ne lui donnait pas plus de douze ans mais avec la maturité de ses traits qui la vieillissait de cinq ans.

Cette chose était dotée d'un regard qui aurait pu envoûter les âmes les plus impénétrables de ce monde.

Elle représentait l'immortelle jeunesse à travers son physique et le mystère le plus complet en contemplant son expression faciale.

Elle n'était ni femme, ni homme.

Juliette, quant à elle, possédait de longs cheveux d'un châtain naturel époustouflant.

Ses yeux verts émeraude brillaient à la lumière du jour. On ne voyait qu'eux.
Elle n'avait pas ce côté androgyne que Juliet avait, entre mille femmes on savait qu'il n'y avait qu'elle, de vraie.
C'était la définition de la féminité par excellence, bien que physiquement parlant.

Elle aimait Juliet au-delà des frontières, au dessus des obstacles, au travers de ce mur de glace.

L'attitude singulière de sa maîtresse était un mystère, son indifférence à aimer ou à exister l'inquiétait.
Elle se cachait sans cesse derrière la peur de souffrir, s'empêchant d'avancer, de rencontrer de nouvelles personnes, de créer des liens.
Elle se privait de sa propre vie pour des raisons toute aussi inexpliquées les une des autres.

Juliette essayant en vain de lui prouver son attachement n'était qu'un personnage de plus sur un tableau morose.
Elle tentait de se différencier, d'emmener voyager Juliet pour lui faire découvrir les sentiments extraordinaires qu'elle pouvait ressentir, mais rien n'y faisait.
Elle refusait de vivre.

Cet être monolithe ne cherchait que souffrance.
Ni amour, ni joie.
Seulement la destruction.

Juliette, aveuglée par l'amour, se donnait à cœur joie à son âme sœur.
Elle passait ses journées à se donner en spectacle se mutilant physiquement et moralement avec passion sous le regard attentif de son bourreau, à s'offrir sans ne rien dire à Juliet qui, elle, la dégradait davantage.

Chaque minute qui passait n'était qu'une de moins pour la jeune fille.
 

Les remords, Juliet les connaissaient. Mais elle refusait pertinemment de montrer ce qu'elle ressentait réellement.
Elle continuait sa torture, augmentant l'intensité au fil des horribles jours devenus banaux pour Juliette.

Les mois passèrent. Des mois doux, silencieux, intimes. Tout semblait si paisible.

Juliet avait disparu depuis maintenant 119 jours.

Personne ne l'a cherchait, ni même Juliette, totalement inquiète. Elle, qui éprouvait un amour fou envers sa chère et tendre pas si douce que ce que ce nom le prétendait.

L'amour est une chose fantastique lorsqu'elle n'est partagée. Les sentiments les plus forts sont les plus inavouables, ce qui restent secrets jusqu'à notre dernier souffle.

Juliet s'était éteinte, la plume à la main, adossée contre un arbre caché loin de la population, cahier quasiment vierge sur les jambes, après avoir ingéré de nombreuses pilules.

Ni lettre d'adieux, ni long texte expliquant le pourquoi, simplement quelque lignes.

Juliette se demandait si il s'agissait de ses mots personnels, et reconnu l'écriture : c'était bel et bien son amour qui avait écrit qu'elle l'avait toujours aimé et qu'elle continuerait de le faire loin de son corps.

La jeune était totalement déboussolée.

Assommée par cette triste découverte, elle saisit le stylo que Juliet avait dans la main et d'un coup net, l'enfonça dans son être en poussant un dernier cri de délivrance : ses sentiments explosaient et jaillissaient de son corps.