Juste instant de folie
Jean Claude Blanc
Juste un instant de folie
« Après-midi début mai doux
Y'a des violettes qui poussent partout
Les hirondelles de retour chez nous
Au loin on entend le coucou
Fini l'hiver, que des à coups
De mes tourments, j'en vois le bout »
Ainsi me fends de banalités
C'est le moment de changer de sujet
Mes potes me l'ont conseillé
De la politique en ont soupé
Même que c'est pas bon pour ma santé
Alors de retour sur mes sommets
Plus attrayant que vous conter
Mon cher pays où règne la paix
Ce pauvre terroir de mes ainés
Où les arbres encore dénudés
Etirent leur flemme pour feuiller
Mais comme la nuit, il fait frisquet
Se risquent pas se ramifier
De quelques bourgeons, faut se consoler
Ça commence bien, je suis en phase
Avec mon cœur et mon esprit
Alors vais peaufiner mes phrases
Pour que vous soyez éblouis
Je continue, c'est pas fini
Même si c'est que des âneries
Selon les on-dit de la région
« Parait qu'en mai fait ce qui te plais »
N'écoutez pas cette vérité
Dardent les rayons comme en été
Soleil de plomb en cette saison
Se faire bronzer, ça pas question
Les saints de glace se font désirer
Bêcher la terre, faut patienter
Garder la graine bien au chaud
(Leçons de l'almanach Vermot)
Glaçons bien venus que dans le pernod…
Vallée ouverte aux 4 vents
Fait son caprice, seigneur le temps
Dur le tuer, est virevoltant
Comme toujours au printemps
Venant du nord, la bise mord
Si refroidie, hurle sur son sort
Sur les montagnes traine le brouillard
Alors on se refait l'histoire
Souvenez-vous, ce vieux dicton
« S'il fait mauvais, pas un hasard
C'est tout la faute aux élections »
(Pardonnez-moi cette addiction
Cette obsession pour la politique,
Mais je me soigne, déjà cynique)
2017, on est gâtés
A tour de bras, on va voter
La burle s'impose sur le pays
Faut pas sortir sans parapluie
N'étant pas maitres de l'atmosphère
On doit subir son caractère
A la rubrique faits divers
Dans notre patois « fait d'hiver »
Signe qu'il faut prendre un pull-over
Et attiser un feu d'enfer
(Que délicieuses allusions
Traduites critiques en mon jargon)
Les herbes des champs tendent à verdir
Mais pour l'instant font grise mine
Faut patienter pour en jouir
Des aubépines pleines d'épines
(Mal en patience, ça on connait
La crise dure l'éternité
Poussant mémé dans les orties
Même on se pique d'écologie
Quel impayable petit génie…
Affabuler ainsi je survis)
Sans cesse défilent les nuages
Ainsi que des chevaux sauvages
A croire que le ciel est en rage
Sachant plus même où il nage
Alternent lumière et clair-obscur
Promesse d'ivresse pour le futur
Renait la vie à sa mesure
Selon les lois de la nature
(Décidément ça me passe pas
Serai toujours un rabat-joie
C'est ma conscience qui fait la loi)
Jamais contents les êtres vivants
Pas assez d'eau, trop de seaux de flotte
Certes savants mais impuissants
A l'univers, à la botte
(C'est ma dernière petite marotte)
Tandis que se prélasse le thermomètre
Un jour en hausse, un autre en baisse
Le paroissien en guise de messe
Peut que se fier au baromètre
(Avez compris à qui je m'adresse
Qu'au Président, à sa mollesse
Qui laisse sa place à la jeunesse
Sûr qu'elle va faire des prouesses)
Regardons-nous vantard péteux
On n'est que des nains à faire pitié
Vraiment des imbéciles heureux
Se suffisant de s'extasier
D'une randonnée à en crever
Pour atteindre la cime de la vanité
(Là je me démonte malgré moi
Déraisonner, ça se commande pas
Mais ras le bol de ce cinéma)
Escaladant le haut du pré
Le mien, dont je suis propriétaire
A réfléchir demeure prostré
Rien ne m'appartient suis que locataire
Tous ces tapis de genêts, de bruyère
Où on se balade en solitaire
Sont que des mirages de paysages
Qu'on laissera en héritage
N'étant seulement que de passage
(Ça me reprend, verse de larmes
Sur mon destin, de cul terreux
Mes regrets jamais ne désarment
Tout pour ma pomme avaricieux)
Quand vais-je enfin ouvrir les yeux)
J'entends, j'attends venir les oiseaux
Pour enchanter ce mois de Marie
Merles et grives même étourneaux
A Saint Joseph se marient
Sur l'agenda, tout est écrit
A chercher loin notre bonheur
On en oublie qu'est là tout près
Jonquilles, narcisses, modestes fleurs
Symbolisant l'humanité
Et par la même sa dignité
Au-delà des haines et de violences
Qu'on s'évertue à bégayer
Restent encore de petits coins de France
Paisibles vierges à protéger
(Incorrigible idéaliste
Gaffe aux requins, sont sur ma piste)
Croît en silence mon châtaigner
Plus que centenaire, et fracassé
Par la foudre et les éclairs
Se tient debout fier et austère
Accueille pigeons et geais de bois
Qui en son sein, y font leur nid
Ensuite s'envolent leurs petits
Après avoir pris leur repas
(Je n'y peux rien, si ça me sonne
Faisant partie des Droits de l'homme
Les émigrants, pauvres comme personne
Sont après tout, que voleurs de pommes)
Ces quelques vers pour me rassurer
Que je suis bien du bon côté
Candide artiste visionnaire
Face à ce monde si précaire
De ce pas je vais jardiner
Piocher la terre, pour cultiver
Mes fructueuses nobles pensées
Pour les offrir une fois cueillies
A ceux qui croient à l'infini
Solidarité entre amis
Ornez-vous en pour persister
Jamais céder aux calomnies
N'est qu'un fourre-toutla société
Où chacun donne son avis
Certains s'y cachent, c'est leur repaire
Pas du bon grain que de l'ivraie
Pour la plupart traine-misère
Qui poussent sauvages dans les fossés
Et c'est pourquoi, me suis juré
Pas de coquelicots trop sanguinaires
Me rappelant les dernières guerres
Sur mon tombeau qu'un beau bouquet
Lys, immortels, pas de calvaire
Sachant que la rose tend à se faner
(A vous de vous faire une idée
De tous ces vers servis bien frais
Est-ce du lard ou du cochon
Sachant que j'ai pas d'opinion)
Ce qui m'habite, avec passion
C'est le hameau où je suis né
Dans les fourrées, dans les buissons
J'y trouve toujours poil à gratter
De vous le confier, ça me démangeait JC Blanc mai 2017 (la paix des braves)