Juste pour me sentir bien

On suit des programmes minceur pour paraître plus belle. Dès que le soleil darde ses rayons on se met aux terrasses des cafés, on sirote une bière, un soda, c'est beau la vie à Sun City! On s'isole dans nos casques à musique, pas un sourire, pas un mot vers l'autre, moi j'ai besoin qu'on s'adresse à moi pour vivre! On suit la mode, "faut rester jeune" entend-on autour de nous,  mais de quelle jeunesse parle-ton? Celle du jeunisme, celle de l'esprit, celle du corps, j'en perds mon latin. A l'ère de la perfection à outrance, j'ai mon petit nid, ma cabane au fond du jardin, j'aime ma tranquillité. Je m'imagine en Tanzanie, en Bolivie, ces contrées sauvages visitées par des aventuriers du dimanche, avec un guide pour la sécurité.

Dans ma chambre, la porte grince, se lamente d'ennui et de chaleur. A quand les douceurs de l'hiver? Le feu de cheminée dans la résidence secondaire à deux heures de la grande ville? J'en ai assez de cette saison superficielle qu'on appelle l'été, moi je prends mes vacances en décembre quand il fait bon dans les foyers, c'est compter sans les sans-logis. Alors je maraude avec les collègues, j'apporte de la chaleur et du réconfort à des gens dehors, paraît que c'est bon pour mon karma, c'est vrai que je me sens moins misérable après. Comment intituler mon texte? La cabane au fond du jardin? Cabrel est passé avant moi. Il y a toujours des gens qui passent devant nous et on ne les voit pas. Ou on fait semblant. Moi j'aime quand on se met à côté de moi, et qu'on ne me dit rien. Y a pas besoin de parler, juste sentir sa présence et c'est tout. Je suis une solitaire des villes et des champs. Ah! le voilà mon titre: la solitaire des villes et des champs. Un jour je m'en irai plus ou moins loin, et puis je reviendrai, juste pour me sentir bien avec mes proches et moi-même.