Juste un soir comme un autre
Charlie
Il s'est penché vers moi en murmurant presque.
“Alors, qu'est ce que ça fait?”
J'aurai pu répondre
que je me sentais vachement plus mature, beaucoup plus adulte. Que j'avais enfin pris la mesure de la vie, en général. Que j'allais peser de manière juste et logique chaque décision que j'aurais à prendre à partir d'aujourd'hui. Je ne sais pas s' il m'aurait cru. Il me dit souvent que je mens si bien qu'il a peur de me faire confiance.
J'aurai pu répondre
que j'accumulais les choses colorées comme un insecte qui a peur de l'hiver froid et blanc. Que je rangeais des objets pas importants dans des trousses, des boîtes, des enveloppes, des cartons pas plus importants. Que ça me faisait du bien pendant une heure et que ça revenait après.
J'aurais pu répondre
que les jours passaient au rythme de mon inactivité. Que plus mes doigts étaient en sang le soir, plus j'avais passé une drôle de journée. Que j'avais hâte de partir quelque part, sans savoir où. Que je ne faisais qu'écouter en boucle les mêmes chansons pour avoir l'impression que le temps s'arrêtait.
J'aurai du répondre
que chaque jour me cueillait différemment au pied du lit qu'on partageait. Que je ne savais pas de quoi mon vendredi serait fait mais que j'attendais le week-end avec impatience.
Au lieu de quoi,
J'ai rien dit.