Kaboul

De Kaboul vers ses montagnes abruptes et arides, les vallées se dessèchent et pleurent sous le ciel sans promesse. Tout est blanc et sec. On dit que c'est ici que des partisans déguenillés, sous le harnais d'une foi brutale et première, vainquirent l'opulence des blindés et des chars mangés déjà de poussière. On dit que c'est ici, telle une armée fantôme, que le spectre d'un divin combattant put repousser au-delà des frontières brûlées la horde hérissée des missiles et des canons. On le dit. Et qu'au lendemain de son trépas, veille de l'effondrement des orgueilleuses, il chassa les démons ricanants, sauvant de la succube Ismaël et toute la lignée des fils de l'islam ; que tel il apparut chevauchant une jument flamboyante, et comme il était beau, cimeterre à la main, dans la spirale enflammée de sa bravoure inextinguible. On le dit. Comme on dit de cette terre que jamais elle ne nourrit des enfants de soumission, prêts à bêler sous le joug à prétexte de tranquillité, car ce sont les moutons qu'on apprivoise ainsi, alors qu'eux sont enfants de la révolte tempétueuse et de l'ouragan vengeur. On le dit. Cela souffle dans le vent chaud et stérile qui remonte les vallées desséchées, dans le vent qui ravine les reliefs abrupts et arides, du côté de Kaboul et de ses montagnes têtues.