Là-bas... Déjà... Un jour

menestrel75

ou un autre, ici...
Bien avant toi, sais-tu que je passais mes nuits
A semer sur papier mes chimères en graines ?
Oh ce n'était pas tant pour maîtriser l'ennui
Que pour combattre mieux au centre de l'arène
Cette pause imposée, cette mort au divan
Alors que, de l'attente, il survient une peine.
Je luttais à l'envi pour vaincre de ma veine
Oui, j'espérais ainsi ! Car l'espoir est vivant !

Vois-tu, c'était un peu comme un cérémonial
Un rituel acquis pour honorer l'habitude.
Non ! J'exaltais plutôt d'un engouement génial
Mon âme à replier ainsi sa solitude !
Je l'ai vu passer ce triste mémorial,
On aurait dit un marbre agencé sur l'étude
Mais j'inscrivais, hardi, de mon sceau seigneurial
Chaque lettre rougie du poinçon Certitude !

Je sais que tu imaginais parfois mes courbures de mâle
Aujourd'hui je le sais, ce n'était pas les miennes
Que je dessinais là, à vrai dire assez mal
Mais elles séduisaient les cambrures des miennes.
Oui, j'esquissais l'amour ! Que m'aurait-il fallu
Sinon pour mieux le voir, qu'ainsi je l'entretienne
Au filet de mes pieds qui toujours les soutiennent
Par ces lettres galbées qu'à présent tu as lues ?

Jamais je n'ai cessé d'entretenir la foi 
Que ces messages-là trouveraient partenaire
Une intime lectrice enflammée par mes doigts 
Ou bien était-ce moi qui brûlais de ton air ?
Oh, comment te le dire, à toi, que chaque fois
Que bouillonnait mon sang d'une encre mercenaire
Je précédais un "Nous" du paraphe "Je crois !"
Pour chauffer de ferveur mon feuillet visionnaire !

Je n'aurais jamais cru le prier aussi bas
Cet esprit pour qu'il dure à révéler mon rêve
Quand ma tête penchée sur chaque alinéa 
S'épuisait jusqu'à l'aube à faire qu'il s'élève !
Ce n'était que des mots, fragiles, délicats
Diront les maldisants, ces Adam sans leur Eve
Mais sauront - ils un jour qu'à l'orée d'une trêve
Lors que tu m'apparus, j'étais « là-bas » … Déjà !
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