La bénédiction d'une mélodie d'amour

Juliet

-Tu ne peux pas mourir, Uta. Pas maintenant.


-Pourquoi ? Ici-bas, il n'y a personne qui m'aime.

Il n'y a personne que j'aime. 


-Justement, Uta. Toi qui n'as jamais encore vraiment vécu, comment peux-tu mourir ? Il te manque encore de vivre.


-Mais comment pourrais-je faire ? Pourquoi rester dans l'enfer ?


-Il te reste à rencontrer ces gens qui t'aimeront. Il te reste à rencontrer ce toi qui aimera.


-Mais j'ai peur… Peur de rencontrer ce moi-là,

J'ai peur de le haïr

Et qu'ils le fassent souffrir. 

Ils ne connaissent que le profit, tu sais.

 Ici, les âmes humaines sont de l'or

à arracher des mines que sont leurs corps.


-Tu ne comprends pas, Uta.

Ton nom, c'est la musique. Il défie le tragique.


-Mais ici nous nous souhaitons tous l'un l'autre la mort.

C'est presque de l'amitié, c'est le moins triste des sorts. 


-Malgré tout j'ai prié naguère,

J'ai prié encore et encore

Pour que les balles de la guerre

Évitent pour toujours ton corps.


-Oublie ce Dieu qui nous abandonne.

Accepte, dis, que mon heure sonne.

Car ici l'on vit dans les entrailles

d'un train possédé qui déraille.


-Mais si tu vis en fonction des défauts des autres

Plutôt qu'en fonction de tes qualités,

Si tu crois que leurs vices deviendront les nôtres,

Tu mourras donc, blafard et alité.


-Je n'ai pas peur de la mort, te dis-je.

Elle est une drogue, un dernier vertige

Qui m'emportera loin de cette Terre…


-Qui se réjouira de te voir te taire.

Uta si tu tiens tant à partir

Alors je serai ton guide.

Uta si tu restes ce martyr

Je vais finir dans le vide.


-Je n'arrive pas à te comprendre.

Par quel bout essaies-tu de me prendre ?


-J'ai juste eu mal quand tout à l'heure,

Tu disais que n'a de valeur

Une vie où personne ne t'aime.

Mais Uta, j'ai suivi la musique de ton nom

Tellement loin et longtemps que même mes démons

Ont fini par abandonner, morts d'épuisement .

Ainsi ta musique a été mon commencement...

Alors Uta si jamais tu veux fuir,

ton or si tu veux bien le laisser luire,

oublie cet Enfer, Uta, leurs massacres et leur vanité,

Et prends cette main que te tend l'allié de ton humanité.







(écrit sur une impulsion le 9 mai 2014)

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