La chance du débutant

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Lorsque que je m'installai dans la voiture de cet inconnu, je n'étais pas sur si j'avais eu une bonne idée d'accepter ce rendez-vous. Mon estomac me tiraillait l'abdomen, résultat de trop de stress, comme avant chaque rendez vous avec n'importe quel homme. Est-ce que Will était n'importe quel homme ? Bien sur. Tout les hommes sont n'importe quel homme. On leur donne l'importance que l'on veut bien leur accorder. Pour moi, aucun homme n'était à la hauteur, non pas qu'ils ne soient pas digne de moi, mais juste... différents. Ennuyeux. C'est ça. Je m'ennuyais. Tout le temps, avec tout le monde. Alors, pour passer le temps, je sortais danser pratiquement tout les soirs, j'essayais d'être assez ivre pour être capable de m'intégrer au milieu de cette jungle d'étudiants inconscients, ou trop conscients, cela dépend, et puis, j'acceptai des rendez vous avec des inconnus.

Will m'emmène dans un bar, ambiance chaleureuse, nous nous installons dehors. Non. Il me demande de choisir la place que je veux. En gentleman. Il  commande nos verres, et s'assoit en face de moi. Ses yeux bleus clairs me dévisagent d'une telle intensité que j'en oublis de l'analyser à mon tour. Je suis stressée, il le voit, il le sent. Je dis n'importe quoi, je mens, il le sait mais prétend le contraire. Je me sens tellement petite, jeune, inexpérimentée face à lui.

Will veut me faire l'amour. Il me le dit. Will a une petite amie, mais ils ont un espèce d'arrangement, il m'explique que ce n'est pas un problème. De son air confiant, il me demande si je porte des sous-vêtements sous ma robe. Je n'en porte pas. Je vois dans son regard qu'il est surpris, mais satisfait. Il ne dit rien, il hoche la tête avec un demi-sourire. C'est peut être la première fois que j'arrive à décrypter ce qu'il pense. Puis, il m'ordonne de prendre mon sac et de descendre les escaliers qui mènent au toilettes. J'ai peur. Mon stress monte, je finis mon verre de vin d'un trait, comme si ça allait me calmer. Will le voit encore, il me demande ce qu'il ne vas pas, et je mens encore une fois: "Rien. Tout va bien."

Une porte s'ouvre sur ma gauche et le barman nous fait pénétrer dans une salle vide. Au milieu trône un énorme billard. J'échappe un rire nerveux, je n'ai jamais joué au billard de ma vie. Will me dit qu'il va m'apprendre. Je pose mon téléphone que j'avais gardé avec moi jusque là, juste histoire de me rassurer. La tension est palpable dans la pièce, nous ne sommes que deux mais l'électricité que nous dégageons peut se sentir jusqu'à l'autre bout de la ville, j'en suis sure.

Will se lance dans ses explications, il me montre, m'étale les règles du jeu. C'est à mon tour de jouer, je me concentre, je veux faire les choses bien. Il se place derrière moi, me touche pour la première fois. Je ne laisse rien paraître, je n'ai aucun mouvement de recul, car il fait ça tellement bien, c'est presque naturel que ça ne me surprend pas. Il glisse sa main entre mes deux cuisses, l'air de rien, pendant un instant. Puis me chuchote à l'oreille comment jouer. Je rate mon coup, peut être parce que je suis un peu déconcentrée, aussi parce que c'est la première fois que je joue au billard. C'est à son tour, il rate son coup également. Je fais le tour de la table pour me placer de façon adéquate. Il revient derrière moi, sa main entre mes cuisses, plus insistante cette fois. Il enfouie sa tête dans mon cou, je sens son souffle, j'essaye de résister. Je me concentre sur la table, je dois jouer. Ne tenant plus, je me retourne et cherche ses lèvres. Il joue avec moi, se recule de quelque centimètres, puis m'embrasse enfin. C'est bon. C'est naturel. Je ne réfléchis pas. Il commence à descendre mes collants, j'ai peur, car la porte est ouverte, et certains clients du bar font des allées et venues dans le couloir. Je n'essaye même pas de riposter, je sais que c'est inutile. Je l'attrape par le cou tout en continuant de l'embrasser, tente de promener mes doigts sur son torse tandis qu'il m'attrape les poignets tout en me disant "chut..." dans un souffle. J'obéis.

Et puis il recule, et m'indique de jouer, comme si rien ne s'était passé. Je m'exécute, troublée. La partie continue, des mains furtives ici et là, des baisers volés. Je suis sereine. C'est lui qui ne tient plus. Il m'attrape par les cheveux et me plaque contre la table. Il me frappe. J'ai peur qu'on nous entende, j'ai mal, mais j'adore. Il me tire par les cheveux pour m'ordonner de me relever et puis me plaque contre le mur dans un recoin. Personne ne peut nous voir. Il m'embrasse, sa main sur mon bas-ventre, il joue. Je dirige mes mains vers sa ceinture mais il m'agrippe immédiatement les poignets pour me les maintenir au dessus de ma tête. Je gémis, mon souffle s'accélère, il me répète, "chut", encore. Comme pour me calmer. Comme pour me dire "tout va bien se passer.". Je sais que je suis entre de bonnes mains. Je sais que c'est risqué, mais je sais qu'il a le contrôle, et que rien ne m'arrivera tant que je serais avec lui, coupée du monde, hors du temps.

La partie est finie, il a gagné. Il me force à m'agenouiller, relever la tête, le regarder dans les yeux. Et je vois. Je comprend. Je suis soumise. Je suis à ses pieds, littéralement. Je suis sienne désormais.

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