La chevelure des maléfices

Francis Fried

Suzanne

Aujourd'hui Suzanne a quitté le bord de sa rivière ensorcelée, arrivée en ville elle marche gaiement. Elle se transforme et sans perdre son charme remonte l'avenue du Maine.
Suzanne aime les hommes et ils le lui ont bien rendu.
Suzanne frivole et se découvre aux inconnus.
Suzanne a quatre enfants tous de pères différents.
Suzanne est libre comme ses cheveux qui volent au vent.
Suzanne a rendez-vous chez Edouard un coiffeur aux doigts de fée, c'est un bel homme et comme d'autres un être blessé, Suzanne a su l'apprivoiser.
Là, aux abords de l'école, elle ouvre la porte du salon.
— Entrez Suzanne, venez, vous asseoir tout près de moi !
À chacun de ses rendez-vous, il lui fait la cour, il commence par une conversation légère pleine d'anecdotes. C'est qu'il aime prendre son temps, il n'a d'yeux que pour sa chevelure et retarde le moment délicieux où il plongera ses mains dedans.
Il se penche sur elle, l'effeuille, retire brindilles et feuilles mortes parmi ces fils d'or, la magie des lumières opère. Il regarde ces petits êtres lucioles apparaitre et disparaitre dans la chevelure. Ils sont nombreux et leurs douces voix chantent une comptine qui l'ensorcelle.

Les elfes scintillent et murmurent, « à celui qui l'aimera, elle se donnera et enfantera.
Quand son fruit d'amour sera éclos pour toujours, elle perdra ses sentiments et son amant. »

Edouard s'éprend, mais se reprend, Edouard aux mains d'agent, le beau mâle office. Sans le savoir comme à chacun de leurs rendez-vous, il coupera court au maléfice.

Suzanne tient le miroir, c'est la fin de l'école, ses enfants sont derrière la vitrine, ils se penchent et la regardent, ils se penchent comme ça toujours.

Maintenant, Suzanne rêve à Léonard, c'est un poète, ils ont rendez-vous cet après-midi à l'heure du thé.
Dans son rêve elle est nue, Léonard est son peintre et son héros. Il se penche vers elle, elle frissonne. Il a su peindre son corps parfait. Il fait durer son plaisir, l'effleure doucement du bout de ses pinceaux. Au soir, elle le prendra par la main, elle l'emmènera écouter les sirènes.

 

 

(La référence de ce texte est une chanson mythique de léonard Cohen : Suzanne)

  • Beaucoup de talent! Belle écriture et des photos superbes ! Certaines de vrais coups de cœur pour leur perspectives magnifiques

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    nehara

  • Très beau.
    Beavo

    · Il y a environ 7 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

  • Magnifique et tout en délicatesse, même si le thème traité reflète un problème de fond ... Belle référence que celle de Leonardo Cohen et sa chanson mythique ! Il ressort beaucoup de douceur de ce texte sans jugement aucun... Tres beau texte, bravo

    · Il y a environ 7 ans ·
    W

    marielesmots

    • Merci Marie, je suis heureux que ça t'ai plu.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Mouftard compress%c3%a9

      Francis Fried

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