La Chronique du Ressuscité

corentin

cardiaque

Tout commence avec une note d'espoir.


Ce soir, je pense encore à ma mère, elle qui me dit de ne pas écouter mes émotions, car elle sait que j'ai tendance à m'attrister.


Cette nuit et comme la dernière, j'avais envie de laisser parler mes émotions; entendre le bruit sourd de mon coeur qui tape contre ma poitrine. Je voulais l'entendre s'emballer et enfin ne plus rien inhiber. Petit coeur qui me fait peur. Petit coeur qui a souffert mais dont le tambour sonne encore. Petit coeur si fort et pourtant si effrayé. Petit coeur que tant de bons sentiments chaleureux ont relancé.


Dans le noir, je m'entends encore respirer comme si j'allais y passer. Le son de mon expiration me fait croire à celui d'un marathonien sur sa ligne d'arrivée. J'ai appris à l'accepter, à l'intégrer à ma symphonie, à lui donner une place dans ce grand univers musical corporel.


De l'autre côté de la rue, entre les petits arbustes dénués de toute personnalité, il reste encore un peu de lumière teintée d'orange pour que je puisse admirer mon nouveau chez moi. Derrière ces petites haies, il y a un chemin - tracé brutalement entre une allée de fleurs sauvages et quelques maisons avoisinantes. 


Je rêve de traverser la fenêtre qui me sépare de ce dernier, enjamber le toit glissant au bas de ma chambre et me laisser glisser sans peur de tomber. Je me vois déjà courir pour l'atteindre, baisser la tête au moment de m'élancer et fermer les paupières quelques instants pour marquer ce moment dans l'éternité. Je sens déjà mes yeux mouillés au contact du vent glacial. J'appréhende la sensation de frayeur puis de flottement, alors que la présence de mon souffle irrégulier, est atténuée par une douce musique de cordes frottées, qui parcourt mes oreilles. J'oublie ensuite mes limites, illusoires, et je crache tout ce qu'il me reste d'énergie dans une course inespérée.


Je maudis avec force tout les démons qui m'ont hanté. Je me défait de ma peur de tomber, de mourir, de souffrir, d'être mal aimé et de mal aimer. Je hurle toute ma haine à pleins poumons avant de m'écrouler sur moi-même, debout, épuisé, les bras posés sur les jambes, la tête vide et le dos courbé.


Je réalise alors que mes émotions m'ont amené là où je suis aujourd'hui, qu'elles m'ont aidé à reprendre le dessus et à ne pas baisser les bras. Que c'est dans un excès d'orgueil froid, d'amour fou et de désespoir consumé que j'ai décidé de ne pas partir.


Mon coeur est encore là aujourd'hui. Je lui panse ses traces de coups de rasoirs, une à une. Il m'aime. Je ne lui ai pas souvent rendu. Pourtant, c'est lui qui m'a gardé en vie.


La nuit est encore longue et mon petit coeur n'attend plus que de la traverser. Il est plein d'espoir et je suis en admiration devant lui. Et quand vient l'heure où nous nous retrouvons seul, il se cache de peur que nos démons ne reviennent. Mais aujourd'hui je suis là pour lui.


Tout commence avec une note de compassion.


Soyez heureux

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