La faim justifie les moyens

nat28

Projet Bradbury - Semaine 23

J'ai faim.


Je suis resté dans le canapé devant la télé toute l'après-midi à regarder d'un oeil la finale de Rolland-Garros, même si je savais dès le début que c'est Nadal qui allait gagné. J'ai traîné sur Facebook et j'ai dormi un peu, je crois. Je n'ai pas bougé pendant des heures, et pourtant, j'ai faim. Le reste de pizza que j'ai grignoté au déjeuner est loin maintenant, il va falloir que je me fasse à manger. Mais je n'ai pas envie de me lever.


Je ne sais même pas si j'ai de quoi cuisiner, mais j'ai la flemme d'aller voir ce qu'il reste dans le frigo. La dernière fois que je l'ai ouvert, il était relativement vide, et il ne s'est pas rempli par magie. Il faudrait que j'aille faire des courses. Il faudrait que je fasse une liste. Ca me parait trop compliqué tout ça.


Je suis sûr qu'il me reste un paquet de pâtes. Des spaghetti. Ils étaient en promotion au supermarché la dernière fois que j'y ai mis les pieds. J'en ai acheté. Plein. J'adore les spaghetti. Ma mère les cuisine avec une sauce Bolognaise maison à tomber. Moi, je rajoute juste une noix de beurre. Quand j'en ai. Nature, ça me va aussi. J'ai tellement faim que je pourrais les grignoter cru.


Je jette un coup d'oeil vers l'évier. Aîe, toutes mes casseroles sont à laver ! J'ai pas envie de faire la vaisselle... Qu'est-ce qui me reste comme truc propre pour cuisiner ? Une poêle ! Je vais me faire des oeufs. Il me reste des oeufs ?


Je m'extirpe du canapé pour aller voir si j'en ai encore dans le frigo. J'aperçois une boîte en carton en ouvrant la porte, malheureusement, elle est vide. Il faudrait que je perde l'habitude de laisser traîner les emballages. Tiens, je vais vérifier la brique de lait. Vide, elle aussi, pas étonnant, je fais toujours ça. Ma copine deviendrait vite folle, si j'en avais une. Je suis une caricature de célibataire endurci, c'est assez impressionnant.


Je retourne dans le canapé pour trouver un plan B. Ou C, en fait. Peut-être bien D. Qu'est-ce qu'il y a dans mon congélateur ? A priori, des glaçons, et peut-être un fond de Vodka. Pas vraiment de quoi faire un repas. Est-ce qu'il me reste un plat cuisiné ? Ou des nouilles instantanées ?


Je me relève en grognant pour aller inspecter mes placards. Je n'y trouve qu'une boîte de thon à l'huile et ma réserve de spaghetti. Il y a aussi une vieille biscotte, mais quand je croque dedans, je m'aperçois qu'elle est toute molle, ce qui est plutôt inquiétant pour une biscotte. J'ai trop faim, je la termine quand même, je n'ai jamais entendu parler d'intoxication alimentaire à la biscotte. Et puis ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.


Je me repose devant la télé, comme si elle avait la solution pour remplir mon estomac. Les publicités m'offrent un défilé de produits alimentaires et aiguisent mon appétit. Mais les magasins sont fermés le dimanche soir, impossible d'aller acheter toutes ces promesses de saveurs et de volupté ! L'effet que peut avoir une simple glace sur les jeunes femmes me laisse rêveur. Si seulement je pouvais leur faire le même effet qu'un bâtonnet au chocolat....


Je m'égare et je perds de vue mon objectif premier : me sustenter. Il ne me reste plus qu'une option : commander. Mais que choisir ? L'Italien, le Japonais, le Chinois, l'Iranien ? J'ai à la fois envie de tout et de rien, c'est désespérant. Ca existe, la pizza Houmous/Nem/Sushi ? Et puis est-ce que j'ai assez de liquide sur moi pour payer la livraison ? Je n'ai pas envie de descendre à la banque, c'est trop loin...


Je fouille mes poches : trois euros et vingt centimes. La misère. Même pas de quoi me faire un MacDo. Sur le petit écran, le film commence. C'est une rediffusion que j'ai déjà dû voir dix fois, mais ça pourrait être sympa de se remater le film en essayant de sortir tous les dialogues avant les acteurs... Je vais me chercher une bière et je me cale dans les coussins.

 

J'ai plus faim.


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