La femme du Tramway

compteclos

Je me souviendrais toujours de ce matin-là, de cette femme-là.

Nous étions vendredi matin, mes cours ne commençaient qu'à 10 heures.

Je prenais le tramway comme chaque matin. Elle était debout, se tenant à la barre métallique pour ne pas tomber à cause des secousses indécentes du tramway. Les écouteurs, du rock à fond dans les oreilles, les cheveux rouges,piercings au nez et aux oreilles. Elle était belle. Où allait-elle ? S'arrêterait-elle Rue Sainte Catherine ? Ou irait-elle jusqu'au Terminus ? Qui allait-elle rejoindre ? Allait-elle en cours ? Ou peut-être bien travailler ? Je lui donnais 20 ans. Un corps parfait, quelques formes cachées sous un tee-shirt noir, trop grand. Cette inconnue ne m'a jamais laissé indifférente. Je l'imaginais rire avec des amis. Je me souviens même lui avoir décoché un sourire, elle avait aussitôt baissée la tête. Déçue et arrivée, j'étais descendue du tramway en ne cessant de penser à sa crinière feu.

Peut-être était-elle seule, triste. Peut-être avait-elle des parents aimants et attentionnés. Peut-être avait-elle un petit ami ou un chat gris. Peut-être que ses Docs Martins étaient neuves. Elle me semblait tellement réservée, tellement sur ses gardes, tellement naïve mais si forte à la fois. Le genre de femme qui vous inspire Liberté au moindre regard. La rébellion et la soumission sexuelle à la fois. Elle m'a fasciné. Même encore aujourd'hui, en y repensant, elle me fascine. Je n'oublierais jamais ses yeux verts et son jean troué. Ni même son Samsung noir et ses écouteurs blancs.

L'inconnue du Tramway s'est révélée maîtresse de mes fantasmes inavoués

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