La fin de l'autarcie(13)

           Dodécasyllabes

Il songe. Il a écrit sous l'acier du faucheur

des bourdons courtisans ensemencent les fleurs.

Il songe : est-ce gâcher de l'encre et du papier,

farder des syllabes comptées en épicier ?

Libre épicier obéissant, il crée : sujet

plus adjectif, un verbe, un complément d'objet...

Il crée compréhensible et beau, comme à l'école...

Et si ses mots marquaient autant qu'une luciole

marque le soir !

                              Mais ces poètes inaudibles

feront-ils mieux - ô temps, ne suspends pas ton crible ?

si le futur, masqué, lui destinait des signes

demeurés enfouis entre ses propres lignes !

Assez ! Assez pensé la vie est un éclair -

la vie...celle de TOUS les hommes ! soyons clair.

Assez ! Avec un peu d'orgueil

l'étrave brisera l'écueil,

il pressent qu'il nous étonnera, gravera

tout à l'heure (demain) le marbre avec ses doigts,

laissons-le donc écrire et laissons-le rêver.

Alors, quand les néons blanchissent les cuisines

il dresse un escabeau, dans la nuit féminine,

puis grimpe en délirant vers la voûte étoilée.

                                ------