la fin de son tourment
rechab
Je me demande ce que les oiseaux de mer
trouvent près des blanches cathédrales,
ces paquebots, que l'horizon avale ,
pendant que gémissent leurs cheminées de fer.
Ils foncent dans la brume,
pour accoster un jour, peut-être demain
dans ces ports lointains
où le pays change de costume.
A la fin du voyage,
on s'imagine qu'à terre
les oiseaux retrouvent leurs congénères
comme ça doit être l'usage.
La mer a supporté, dans son attente
ces coques de métal
qui semblent en perpétuelle cavale
incertaines et oscillantes
comme si elles ne pouvaient se poser nulle part
multipliant les parcours
et les allers-retour
hésitant sur leur trajectoire .
Je suis resté à terre,
et n'ai voyagé que dans les romans,
je n'ai vu leurs gréements
que depuis le quai désert
avant qu'ils ne reprennent
le chemin de l'océan
où il semblent se dissoudre dans le néant
- que sans doute ils atteignent
les jours de gros temps - ,
entourés de montagnes liquides
où la sensation du vide
a quelque chose d'écrasant :
plus aucun point de repère
dans une furie grise :
les certitudes se brisent
comme une paroi de verre.
ainsi les hommes
pensent que la mort
est embarquée à bord
que c'est un vaisseau fantôme
qu'on retrouvera un jour
errant sur le littoral
qui ne pourra plus faire escale
au port de Hambourg
ou de Valparaiso :
il n'y aura plus de capitaine,
plus de présence humaine
dans ces bateaux :
jamais on ne comprendra
ce qui est arrivé,
il faudra essayer
de savoir le comment et le pourquoi.
C'est un de ces monstres abandonnés
condamnés à rouiller,
infiniment errer,
comme de sinistres mausolées.
Même les oiseaux de mer,
faute de nourriture
ont établi leur sépulture
sur ce navire solitaire.
Des marins ont reconnu sa silhouette
derrière les îles,
colosse inutile
les vagues le fouettent.
Ceux qui l'aborderont
n'y trouveront
que du vent
et des ossements,
quantité de plumes et de becs
assez bien conservés,
comme si les volatiles avaient proliféré,
au sein même du varech
de la mer des Sargasses
que l'on peut croiser
lors d'une traversée
en faisant quasiment du sur-place
emportée par des courants,
l'embarcation reste passive
subit la dérive
et le caprice des éléments .
De fait le voyage n'aura de fin
que si des brèches se produisent,
le navire s'enlise :
ce sera son destin
il y aura bien des brisants
qui causeront le choc :
l'épave se disloque
marquant la fin de son tourment.
-
RC
et les destins habiteront la beltegeuse pour tenir cie à cendrars..
· Il y a plus de 4 ans ·mada
une plus belle fin que dans les tristes cimetières marins
· Il y a plus de 4 ans ·Susanne Derève
merci à vous -
· Il y a plus de 4 ans ·j'ai craint que , par sa longueur, cela s'essouffle .. !
rechab
Magnifique de réalisme !
· Il y a plus de 4 ans ·Louve
superbe musique ! l'appel du large est fort ! chapeau l'artiste !
· Il y a plus de 4 ans ·Gabriel Meunier
la poésie des océans est à l'échelle de l'univers... tres belle musique
· Il y a plus de 4 ans ·Gabriel Meunier