La guerre

Christian Lemoine

Ciel noir. Noir fumées, noir brûlé. Ciel rouge d’incendies rougeoyants. Eclats sur le ciel lourd de taches de sang brutal. Ciel rouge. Rougeoiement des moteurs infernaux, avides de ruines et de cadavres. Des murailles de chairs sanguinolentes, des vagues de sang qui se mélangent, un brouet émétique où viennent patauger d’autres, cadavres déjà, qui vont marier leur matière morte jusqu’à ce moment dérisoire où la montagne de leurs débris s’effondrera sur l’ennemi pour le noyer et le broyer. Ciel de multiples couleurs fracassées. Ciel d’irisations sourdes, de tremblements des marnes et des argiles, de crépitements d’arbres pulvérisés. Et ce silence bouillant, ce silence grinçant en crin de hiérarchies mortifères. Ce silence brouillon qui ensevelit les odeurs écœurantes, les charpentes brûlées, les champs éventrés, les chairs putréfiées. Ciel muet silence cramoisi bouches exsangues et dans des bureaux feutrés, d’effroyables ambitions.
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