La Mafia bretonne

arthur-roubignolle

La Mafia bretonne.


Évidemment, lorsqu'on parle mafia, l'on pense toujours aux mafias siciliennes, napolitaines, corses...

La mafia de Chicago n'en parlons même pas. Plus personne n'ignore, après des films comme « Scarface », « Le Parrain », ou encore « Casino », le rôle, l'influence, les rites de ces gangs organisés en société secrètes, en « familles » très précisément.


Mais la mafia bretonne, qui la connaît ? Qui en parle ?

Personne, et pour cause, car il s'agit très certainement de la plus terrible et de la plus efficace organisation criminelle de tous les temps.


Les révélations que je vais vous faire ici, je suis le premier à avoir le courage de les faire.


D'ailleurs, si vous n'avez plus de nouvelles de moi dans dix jours, vous saurez ce qu'il est advenu de moi.


Mon corps reposera probablement au fond d'un parc à moules dans les bas-fond de Paimpol ou d'Audierne, les pieds scellés dans un bloc de granit spécialement taillé pour moi par un tailleur de dolmen morbihannais...


Ah ils sont forts ces mafieux bretons ! Si forts que « l'omerta », la loi du silence qui règne sur leurs activités n'a jamais été remise en cause jusqu'à présent.

Les mafiosis de Chicago ? D'aimables plaisantins bavards comme des pies à coté des laconiques mafieux bretons.

Ces italiens, ça ne peut s'empêcher de causer, de se vanter, un mafieux breton, jamais ! Pas un mot ne sortira de sa bouche, ou alors en breton, ce breton que personne ne comprend, à part les membres de la « famiglia », les membres du clan...(Le plus terrible étant le clan de la tribu de Dana...)


Oui, en Bretagne, tout comme en Sicile, les lois du Milieu prévalent, impitoyables, sanguinaires. Les lois du Milieu de l'Ouest, de ce Phare Ouest sauvage redouté même par les fédéraux, car en effet, on n'a jamais vu un membre du F.B.I y mettre les pieds.


Les mafieux bretons ont infiltrés tous les rouages de l'économie bretonne. Ils contrôlent le trafic des huîtres de Cancale, ont fait main basse sur la contrebande de Chouchenn et de cidre. Ils possèdent la quasi-totalité des crêperies du pays Bigouden. Ils rançonnent les producteurs de porcs, ils saignent à blanc les producteurs de choux -fleurs du Léon, ils rackettent même les joueurs de Biniou du Trégor !

Les centres de Thalassothérapie leur appartiennent, les brodeuses de dentelles de Quimper sont à leur solde... (mais uniquement le jour des soldes...)


Aucun bateau n'entre ni ne sort des ports bretons sans qu'un membre de la mafia ne soit à son bord.


Mais à quoi ressemble bien un mafieux breton ? Porte t-il un Stetson en guise de chapeau ? Que nenni ! Il a un chapeau rond quand il est en ville, et quand il est en mer il a des bottes et un ciré et se fait passer pour un innocent pécheur....

Tenez, en parlant de pèche, les mafieux bretons n'hésitent pas à faire les maquereaux ! On les voient qui draguent de vieilles morues pour les mettre ensuite au tapin dans les criées de Concarneau ou de Lorient. Par caisses entières en plus!


Le mafieux breton n'a pas grand-chose en commun avec le mafieux américain. Jamais il ne chausse de lunettes noires, jamais il ne porte de souliers en croco. Il ne roule pas non plus en Cadillac, mais en Peugeot 406 ou en Citroën C4.

Le gangster breton, bien plus habile que ses homologues new-yorkais ne se fait pas remarquer. Il sait que cela attirerait trop l'attention sur ses louches activités, et c'est pourquoi la « Cosa Nostra » bretonne est terriblement redoutable.


L'été, des milliers de touristes naïfs viennent en Bretagne sans savoir qu'ici, c'est la mafia qui fait la pluie et le beau-temps, et la mafia bretonne fait surtout la pluie, le beau temps elle s'en fiche... Le beau temps fait fuir les touristes hors des crêperies, tandis que la pluie les y ramènent...


En plein mois d'août, et alors qu'il fait beau sur l'ensemble de la France, des familles entières de touristes s'attablent donc dans les crêperies les jours de pluie, en ignorant qu'elles se transforment la nuit en tripots clandestins ou les malfrats font d'interminables parties de fléchettes en écoutant du Tri-Yann ou du Gilles Servat. (Tout en faisant sécher leurs bottes et leurs cirés au coin du feu.)


Et ces mêmes touristes, innocents, crédules, vont ensuite dans les « Fest-Noz », croyant qu'il s'agit de simples fêtes folkloriques, alors qu'il s'agit en réalité de cérémonies d'initiations. En effet, pour rentrer dans un clan de mafieux bretons il faut savoir au moins danser la gavotte, le laridé six temps et l'avant deux de travers. Mais surtout, pour être admis dans un clan, il faut pouvoir être capable d'écouter de la bombarde et du biniou pendant des heures sans défaillir...


Pour entrer dans un clan breton, il faut aussi savoir tuer... savoir tuer le cochon, le saigner à mort sans pitié.

Pour entrer dans un clan breton, il faut savoir tourner les crêpes !

Celui qui ne sait pas tourner une crêpe en Bretagne est un homme mort...


A propos des crêpes, c'est vraiment le secteur qui représente la plus grosse galette pour la mafia bretonne. Elle en tire 70% de ses revenus. (Les 30% restants proviennent de la contrebande de Flan aux pruneaux...)


Mais la Cosa Nostra bretonne (en breton la « Coz Nostreiz ») a étendue aussi ses ramifications en plein cœur de la Capitale.

Dans le quatorzième arrondissement, près de la gare Montparnasse.

N'allez pas dans ce quartier à la nuit tombée c'est un repaire de coupe-jarrets (de porc). Il y a des dealers d'andouillettes de Guéméné qui y font leurs trafics, des revendeurs de galettes de Pont-Aven y tiennent le haut du pavé...


Mais, à l'instar de leurs homologues siciliens, les mafieux bretons sont aussi très pieux, très croyants, très traditionalistes. Ils vont à la messe tous les dimanches. Pour expier leurs nombreux péchés bien sur...


Alors, le mieux, si vous allez en Bretagne l'été prochain, et c'est mon conseil « d'affranchi ». Allez voir un « parrain » de la mafia locale et mettez-vous sous sa protection, il ne vous arrivera rien de mal. On vous fera payer les moules à leur juste prix, les notes de resto ne seront pas salées comme le beurre breton, et en plus on vous fournira gratuitement un parapluie.

Tout le monde saura que vous êtes sous la protection d'un chef de clan et à l'abri des intempéries.



Pour moi il est hélas trop tard, j'ai trahi ici les lourds secrets de « L'honorable société ». Même « Don Ar Braz », le parrain du « clan des six îliens » (clan surnommé ainsi à cause des îles de Groix, Sein, Ouessant, Belle-Ile, Houat, Hoedic...)

Même ce parrain là, disais-je, ne pourra plus rien pour moi...


Il me reste une seule chance pour m'en sortir, apprendre « la Paimpolaise » par cœur et la réciter devant une assemblée de druides dans la foret de Brocéliande, c'est mon seul espoir pour éviter un « contrat » sur moi et me retrouver avec un bloc de granit de cent kilos aux pieds au fond de la baie d'Audierne à nourrir les moules  de bouchot qui seront servies l'été aux touristes...


Je vous dis Kenavo quand même.


Breizh atao !

Et mallozh'ruz mallozh'ruz !

Din din daon d'an emgann ez an...










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