LA MIE DE PAIN MEURTRIÈRE

Philippe Larue

Les persiflades matinales avaient désengourdi l'aurore. Les oiseaux s'étaient bien ingéniés à rafraîchir la bécassine de Wilson sitôt après l'ingurgitation de la meurtrière mie de pain. Mais, même Goya avec son sacrifice de Pan n'y serait parvenu. 

Quelle idée aussi de mourir par un abus de confiance d'une miette de pain? Anéantir son jabot à perpétuité! L'univers des bécassines était en sourdine, quoique Disney...non, dix becs...Houellebecq caquetaient à enquêter sur le deuil de la bécassine de Wilson. 

Se satisfaire de confettis croustillants de pain, de miettes Napoléoniennes, premièrement, c'était la règle ornitholgique. Mais, combler l'appétence de la jabotière d'un Roll'Up de saumon et roquette, ça vous explosait le gésier comme un geyser. Ah, la bécassine de Wilson, ça avait voulu s'aventurer vers le sandwich chic à la parisienne, mais elle s'était fête pigeonner au lieu de ça.

Tendance, tendance, la tapenade d'olive noire et la crème fraîche  épaisse, c'était pour buse féroce.  Et puis, le boulanger avait eu la main lourde avec le moulin à poivre d'art vorace. Non, elle avait diffinitivement tranchée, la bécassine de Wilson: calanchée par une roquette, un Nirvana fragmentaire d'aneth! 

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