LA MORT AU BOUT DES DOIGTS

Ils sont tous là à me regarder avec envie, d'un désir impossible. Les silences nous torturent. Et passent les secondes, les minutes et ma vie qui s'égrène. Le pendule me martèle le pas. S'étrangle alors, la voix de la gamine apeurée. Je souffre de naître et de ne vivre que pour nourrir cette saleté de faucheuse, putride charogne indigeste, reine de tous les néants. Je l'abomine, mais elle se dresse infaillible, prête à sacrifier l'entier de sa meute.

Tout au loin, au-delà d'un si court futur, je "cerne" des yeux, Je m'instruis de l'abécédaire du mourant, du moribond agonisant. Ils sont bien là à me regarder crever, comme faisant partie d'une famille fratricide – "Quelle famille…?" Tant de pères; tant de mères; tant d'enfants. Ils portent tous la croix de bois et cette tenue d'un rouge accablé, telle la couleur de mon sang qui se répand. Une immense solitude m'envahit. Ma froideur me tressaille. Ma peau se racornit. Laiteuse telle une opaline, "j'entretoise" le miroir. Je m'y enfonce. Une nouvelle Alice naît : une Alice vieillie au sang écoulé, aux heures sans pitié. Croassement d'oiseaux noirs en furie prêts à me dévorer – Que sonne donc le glas! "Putain de piafs"