La mort du papillon bleu

redstars

 

Les journées sont longues, entre siestes cauchemardesques et jeun volontaire.

 

Je souffre ainsi, en solitaire, ton amour qui s'en est allé, et encore, les points de suture éclos, les points de suture d'autrefois. Je n'ai plus envie de le recoudre, si c'est pour qu'à chaque fois…. Tu vois... je regarde les autres, et je me demande pourquoi. Pourquoi je collectionne les hommes, pourquoi je n'ai pas le droit de me poser. Peut-être que c'est le syndrome des mauvais garçons, ou mystérieux, ou fragiles. Les seuls qui attirent mon attention, mon intérêt. J'aurais dû partir au tout début, tu te souviens ? Je ne sais même pas quelle patience j'ai eue. Quel masochisme.

Aujourd'hui, nous ne sommes plus que deux fantômes sous le même toit, silencieux, solitaires. Je parlerais trop, je bougerais trop, j'aurais trop besoin d'affection, je prendrais trop de place sur son territoire. Tu me l'as dis, et maintenant c'est gravé : mon-célibat-me-manque. Te rend-tu seulement compte de la portée de tes mots ? Et pourquoi donc rester avec moi ?

 

Alors l'appétit est parti. Cinq kilos déjà envolés, en huit jours. Et crois-moi, je suis tenace. Je vais disparaître, ah ça, tu vas voir. Puisque je prends trop de place…

Et puis, je suis dans un état second, de ne rien avaler, doux souvenirs de mon anorexie, qui par ailleurs s'est refait une place en mon cœur, amie d'un jour, amie toujours ?

Je plane un peu et les émotions se sont atténuées, je n'en ai plus rien à faire, je hausse les épaules face à tout. Rien n'a d'importance, je fortifie ma carapace, là, juste derrière mon estomac qui se rebelle et exige que je lui offre de quoi survivre. Qu'il aille se faire foutre, lui aussi...

 

Parfois, des idées noires inhabituelles. Je veux dire, d'habitude, j'ai envie de mourir parce que la souffrance morale est trop forte et m'annihile. Parce qu'alors, seule la mort peut nous délivrer de cette douleur. Mais là… je ne vais pas si mal. Alors parfois, je me fais la réflexion, et si j'allais jusqu'au pont, et si je mettais un terme à tout ça ? Après tout, qu'est-ce que j'attends de la vie ? Plus grand-chose, je le crains. Alors pourquoi ne pas prendre la voiture, mettre le GPS et sans la plus totale indifférence, crever dans mon coin ?

 

C'est bizarre, hein. La vie. Autour de nous, les enfants poussent comme des champignons. Mais voilà moi, j'y suis allergique. Cachée dans les hautes herbes, j'observe les projets des autres. Cachée dans les hautes herbes, pour ne pas te déranger. On se voit de moins en moins. Et tu n'aimes pas parler, pire encore : communiquer. Parfois j'essaie, mais tu t'énerves, alors que je prends une voix douce et calme, marchant sur des œufs. A croire que quoi que je fasse, de toute façon, cela ne te conviendra pas.

 

Parfois je repense à de bons souvenirs, et j'ai envie de pleurer. Mais je ne sais plus faire, ça : pleurer. Il faut avoir des larmes en stock pour pleurer.

 

Bref, j'écris, sans savoir où je vais, sans chercher à faire chanter les mots ou faire réapparaître les papillons. Je ne fais plus d'efforts, je ne viens plus vers toi. Je ne suis qu'une boule de souffrance vide et léthargique, qui s'laisse glisser, qui s'laisse tomber.


Just...

Kiss me hard before you go….



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