La naïade

Damien Nivelet

Je ne savais pas qui elle aimait... Moi ou mon fantôme? Il faut dire que, depuis notre relation, de l'eau avait coulé sous les ponts... Des torrents de larmes, de boue... La rivière des sentiments sort parfois de son lit et charrie des pierres polies qui ressemblent de loin à des diamants...
J'étais mort quand elle était partie voir ailleurs si l'herbe était plus verdoyante. Le bonheur est dans le pré, fallait-il y croire?
J'étais revenu à la vie à la vue d'une jolie fleur... Qui, hélas, me pérît dans les mains quand je voulus la cueillir... Je ressassais cette non-rencontre, cette présente absence, quand cet ancien amour presqu'oublié ressurgît de je ne sais où... Elle semblait fringante, plus belle que dans mes souvenirs. C'est peu, et déjà beaucoup pour retomber amoureux... Elle redevînt mon irraison de vivre, ivre de son sourire fugace...
Elle restait interdite devant moi soudain... Elle m'embrassa fougueusement et repartît... Ne voulant pas la perdre de nouveau, je la suivis. Elle accéléra peu à peu le pas et nous arrivâmes à la rivière. Se pensant naïade sans doute, elle plongea et disparût... Ne sachant pas nager, je plongeais à mon tour, quitte à perdre encore la vie. Qui, de toute façon, sans elle, me paraissait être bien maussade...
J'allais me noyer quand elle vînt à ma rescousse, m'aida à regagner la berge, et repartît dans le courant... Me laissant seul avec mes pensées et mon courroux envers moi-même. Mais je repartis vers la vie, ayant survécu cette fois-ci...

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