La part sombre de nous-mêmes

aile68

la part clair-obscure de chaque être humain (pour changer un peu de mes textes plus "clairs")

Embrasser la nuit de mes lèvres assassines. J'ai dans la bouche un goût de meurtre et de rêverie lugubre. Saluer mes erreurs comme on salue le temps perdu, je me sens familière des âmes divines au parfum de poussière. Je jette ma haine aux orties, mes ressentiments aux oubliettes. Laisser les paroles trompeuses, on a tous un mensonge à se reprocher, un cadavre à oublier.

Je suis le poète maudit, je tue le temps de mes ongles à l'encre noircis, et signe des poèmes en prose de mon coeur alangui. Vous rappelez-vous les poses  lascives des jeunes filles toute blanches de lune?

Je vis à une époque où la décadence est un mode de vie, une aura puante et éthérée. Sous mon teint de papier jauni j'ai choisi de vivre la nuit tel un mauvais poète qui déserte sa caserne et sa patrie, son cabaret et ses poèmes maudits.

Et si jamais vous entendez parler de moi au petit matin gris c'est que je serai dans le journal à la page fait-divers. Il s'agira peut-être d'une erreur que vous ne saluerez même pas, trop pressés que vous serez de quitter votre rugueux habit de nuit pour mettre vos vêtements de doux communiants aux ongles encore noircis. Dans la glace votre visage a l'aspect du papier mâché flétri, ce n'était qu'un cauchemar la part sombre de vous-mêmes.  

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