La petite histoire.

Christophe Hulé

On peut bien s'extasier, le passé était souvent cruel. Regarde en Amérique du sud, au temps des Mayas, c'étaient de vrais sauvages. Ils arrachaient le cœur d'un innocent au son des tambours.

Toi, mon vieux, t'as appris par cœur les scènes d'Indiana Jones.

Et alors, je ne suis pas le seul que je sache ! N'empêche qu'il y a un fond de vérité.

Tu peux bien dire ce qui te chante, vu que personne n'est vraiment sûr.

Et Stonehenge, tu y a pensé ?

Je ne fais que ça toutes les nuits.

Tu fais l'malin, mais t'en penses quoi ?

Qu'ils devaient s'ennuyer à l'époque pour s'imposer des corvées pareilles.

T'es nul mon vieux.

P't'être bien, mais ça m'empêche d'vivre. Et puis je me console en me disant qu'y a pire, toi par exemple.

T'y connais rien à la Grande Histoire.

Ben si j'ai lu des trucs, comme tout l'monde, ça me donne pas la grosse tête pour autant.

Et qu'est-ce que t'as donc retenu ?

Autant que toi, sinon plus, je ne suis pas candidat à « Questions pour un champion » .

T'es nul.

Ben, pour un pseudo érudit, tu manques un peu d'arguments.

L'histoire, c'est la vie !

Oh la vache, c'est fort. Moi je dis que l'histoire c'est les gonzesses.

T'es vraiment …

Je sais !

Et que penses-tu de Napoléon ?

Rien à foutre, à part qu'il a fait crever un tas d'pauvres types en guenilles et sans chaussures, mais apparemment les pauvres types en redemandaient.

T'es …

Je sais !

Et le Roi Soleil ?

Putain, on se croirait à l'école primaire !

C'est comme les grands poètes, ou écrivains, on ose plus en parler tellement c'est connu. En attendant, on oublie pourquoi c'est connu justement.

Putain, dans une classe, même de collège, tu tiendrais pas la barre.

Je t'emmerde.

C'est une citation, de qui ?

Fais chier !

Certes Monsieur l'intello. Tu me sers quoi après ? Jeanne d'Arc ? Les croisades ? Hannibal ?

Je ne poursuivrai pas le propos, certains interlocuteurs n'en valent pas la peine.

J'te l'fais pas dire !

Bon, à part ça, tu fais quoi de ta vie ?

C'est pas pire que « quoi d'neuf », mais on en est pas loin.

Bon, on peut discuter ?

Discutons.

C'est vrai que je suis nul, je lis des bouquins qui m'assomment, que je ne comprends pas et que j'oublie le lendemain.

Personne ne t'oblige à faire des trucs pareils, on ne retient que ce que l'on aime.

Le problème, c'est que je n'aime rien.

Ça c'est pas possible, tu t'obliges à aimer ce que tu penses être prestigieux, c'est pourquoi tu es malheureux.

C'est pas con c'que tu dis.

Enfin un compliment ! Je le prends comme tel.

Tu crois que …

Ben oui, évidemment.

Attends, j'ai pas fini ma phrase.

Est-ce nécessaire ?

Non.

Alors on va s'le boire ce verre ? Et pas d'entourloupettes, pas de Napoléon ou de je ne sais qui.

Promis !

Signaler ce texte