LA VILLE MONDE

adriatique

Il était une fois une ville, très grande.

Pour ces habitants, c’était la plus grande des villes. Ils l’appelaient « la Ville Monde » parce qu’elle était grande et aussi parce qu’ils ne connaissaient pas d’autre ville, en dehors de la Ville Monde.

La Ville Monde était très grande et très grise, à cause de la pollution bien sur mais aussi parce qu’elle était construite uniquement de pierres grises et de béton dur et gris.

Parfois, certaines riches personnes possédaient un peu de bois.

Le bois était une denrée rare car il venait de l’extérieur de la ville, de l’extérieur du monde, ou personne n’osait se risquer.

Alors le bois se transmettait, de génération en génération, comme un bien des plus précieux assurant pouvoir et respect ceux qui en possédaient.

Dans la maison de  Monsieur Gris, il ni avait pas de bois, trop noble, ni de pierre trop chère mais seulement du béton gris.

La maison de Monsieur Gris était un petit appartement, mais il aimait bien dire « la maison » parce que son grand-père lui avait un jour dit qu’il avait entendu son grand-père raconter que quand il était jeune, il vivait dans « une maison à la campagne ». « A la campagne », Monsieur Gris ne sait pas ce que c’est. Mais une maison, c’est comme un grand appartement, avec son propre toit. C’est ce qu’on lui avait expliqué et il y avait des photos dans les livres d’Histoire ou plutôt de préhistoire : avant la Ville Monde.

Dans la Ville Monde, tout le monde porte du gris, parce que c’est comme ça, depuis longtemps.

Parce qu’il n’y a que les sauvages qui portent « des couleurs ».

Parce que si quelqu’un en porte, tous vont le regarder et que personne ne peut supporter le regard de tous sur lui.

Alors, Monsieur Gris porte du gris, mais tout le monde porte du gris sans se poser la question, cela choquerai de demander pourquoi, c’est comme ça.

Les gens sont occupés, ils ne pensent pas au gris qu’ils portent ni aux autres gris.

Parce que le gris est reposant.

Monsieur Gris aime le gris. Mais le rouge lui fait peur.

On voit parfois du rouge dans la Ville Monde grise. Et alors les gens détournent le regard. Pour se cacher du rouge.  Les gens retournent à leur occupation.

Monsieur Gris aussi a une occupation ou plutôt deux occupations dans la vie.

D’abord il aime regarder  à son balcon par delà le Dôme. Parce qu’il habite à la limite de la Ville Monde, il peut voir ce qu’il y a après  ou ce qu’il peut y avoir, car il se prend à rêver et quand il se surprend, il a honte. Alors, il retourne à sa première activité, la plus importante à ses yeux. La plus importante à tous les yeux des habitants de la Ville Monde.

Monsieur  Gris ramasse le verre ou plutôt Le Verre parce que le verre il y a bien longtemps qu’on ne le trouve plus que dans les musés.

Monsieur Gris a entendu dire que certaines personnes pouvaient faire fondre Le Verre pour donner du verre.  Mais il ne connait personne qui sache faire cela.

Alors, Monsieur  Gris reprend sa deuxième activité, il regarde par delà  le Dôme, sur son balcon. Parfois il semble apercevoir des couleurs, d’autres fois, comme si de l’eau venait du dehors parfois encore des créatures fantastiques qui lui font peur toujours.

Monsieur Gris imagine plus qu’il ne voit parce que le Dôme est couvert d’une épaisse couche de crasse.

Depuis qu’il est né, Monsieur Gris a toujours connu le Dôme, et son père et son grand-père avant lui l’ont toujours connu aussi. Quant à son arrière grand-père, personne ne lui a jamais demandé s’il avait toujours connu le Dôme.

Le Dôme a été édifié pour se protéger du Verre, quand celui-ci a commencé à tomber.

Et depuis personne n’est jamais sorti à l’extérieur de la Ville Monde pour le nettoyer, mais Le Verre a continué de tomber.

Dans la Ville Monde, tout le monde connait Le Verre. Certains en ont beaucoup, d’autres un peu moins mais personne n’ignore Le Verre. Il règle la vie des citoyens.

Le matin il faut ramasser Le Verre tombé dans la nuit et le ranger.

Le midi, il faut recueillir Le Verre qui est retombé pendant qu’on avait le dos tourné et le ranger aussi.

Le soir, il faut tout recommencer pour pouvoir se coucher dans un endroit sans Le Verre pour ne pas risquer de se couper durant la nuit.

C’est le fardeau de tous les habitants de la Ville Monde.

Monsieur Gris aussi  en a sa part comme les autres, il ramasse Le Verre, le midi, le matin et le soir. Et il l’entrepose dans  « la pièce sans nom » sans se couper.

Tous les citoyens entreposent Le Verre dans « la pièce sans nom » sans ce couper.

Quand « la pièce sans nom » est pleine, Monsieur Gris fait construire une autre pièce sans nom pour entreposer Le Verre.

Comme Monsieur Gris, tous les habitants  font construire une autre « pièce sans nom » quand la leur est pleine.

Plus un citoyen a de « pièces sans nom », moins il a d’amis. Car plus un citoyen a de « pièce sans nom », plus il a de Verre et donc plus il a de chance de se couper et de répandre l’horrible sang rouge.

Quand un citoyen voit le sang rouge sur un autre citoyen, il détourne les yeux et ramasse son Verre plus vite, sans se couper. Personne ne peut compter sur personne car Le Verre est quelque chose de personnel et le sang est quelque chose qui fait peur.

Celui qui saigne a mal, a très mal et a peur, très peur.

Toute sa peur sort de lui, violente, elle le prend, elle l’emporte. Elle le broie, elle lui donne «  La Démence » Elle le boit lentement, doucement et longuement, jusqu’à ce que le sang s’arrête.

Alors la créature qui n’est plus un être humain, plus une âme, la chose grise faible par laquelle le sang et la peur sont passés reprend sa récolte de Verre. Sérieusement, elle collecte les tessons qui jonchent son chemin, doucement, prudemment en se promettant de ne plus jamais se couper.

Il parait que l’âge avançant, on se coupe plus facilement. Il paraît que chaque jour, des habitants meurent de leurs coupures, mais personne n’en parle. Il parait qu’on ne peut pas comprendre pourquoi les autres évitent les coupures et ramassent Le Verre tant qu’on ne s’est pas coupé soi même.

Mais ça, Monsieur Gris ne le sait pas. Il ne sait plus à quand remonte sa première coupure, dans son enfance, surement.

Pour lui, la peur a toujours été là. Comme pour beaucoup d’autres.

Monsieur Gris a subi un programme d’enseignement accéléré de la préhistoire à la construction du Dôme. Puis de l’Histoire moderne : l’Histoire de la Ville Monde. Il a également eu des cours de mathématiques, de physique, de biologie, de géologie de la pierre et du béton, etc.

Tout cela lui avait pris trois jours à l’époque, trois jours sans ramasser Le Verre. Trois jours reliés aux ordinateurs éducatifs de la Ville Monde.

A son réveil, Monsieur Gris était si désorienté qu’il n’a pas vu un morceau de Verre près de sa cheville droite et il s’est coupé. La douleur a été longue, la peur diffuse et pulsatile comme le thrill des battements de son cœur.

C’est un des pires moments de peur que Monsieur Gris ait vécu et il n’aime pas y penser. Il n’y repense jamais. Il se contente de ramasser Le Verre.

Cet accident l’a dissuadé de poursuivre sa formation, de peur de se recouper à son réveil.

Dans sa jeunesse, il voulait concevoir un matériau qui éviterai de se couper et ainsi devenir riche et célèbre dans la Ville Monde, pour pouvoir acheter plein de bois.

De toute façon, il n’existe pas de matière anti-coupure. Même si quelque chose peut vous protéger pendant quelques semaines voire quelques mois tout au plus, votre Verre en aura toujours raison. Au bout d’un certain temps, variable en fonction des personnes, Le Verre devient si tranchant qu’il vient à bout des matières les plus sophistiquées. Ce n’est qu’une question de temps. Le seul remède aux coupures est de ramasser Le Verre, sans cesse et de le stocker dans « La pièce sans nom ».

Alors, Monsieur Gris n’a aucun regret, à la place, il écrit des poèmes, qui font peur parfois parce qu’ ils parlent des sentiments. Quand ils font peur, même a Monsieur Gris, il arrête d’écrire et il ramasse Le Verre ou il regarde dehors, en faisant attention à ne pas se couper.

Parce qu’il habite a la limite de la Ville Monde et parce qu’il écrit des poèmes qui parlent des sentiments et aussi parfois parce qu’il ne ramasse que peu de son Verre, Monsieur Gris n’a pas beaucoup d’ami.

Alors, aujourd’hui, il est triste et Le Verre tombe beaucoup.

Alors, Monsieur Gris regarde par delà le Dôme. Mais tout à coup, il y a quelque chose d’horrible qui dépasse l’entendement et Monsieur Gris se coupe. Le sang jailli de son bras et fait mal, il se répand. Il a le souffle et la peau coupés.

Vite se cacher, se perdre, ne plus exister. Oublier tout.

Plus jamais ça se dit-il enfin.

Mais l’horrible chose est toujours là, sur le balcon.

L’horrible chose est en couleurs bizarres qui n’ont pas de nom.

L’horrible chose est jolie, pense Monsieur Gris. Il s’approche.

- Donne-moi un peu d’eau s’il te plait, dit la chose.

- Qui es-tu demanda Monsieur Gris et que fais-tu ici ?

L’horrible chose ne dit rien.

Alors, Monsieur Gris se dit qu’il allait apporter à la chose un peu d’eau mais que c’était une bêtise et qu’après beaucoup de Verre allait tomber.

La chose semblait malade. Et Monsieur Gris, les mains jointes fit couler un peu d’eau au-dessus d’elle.

La chose soupira.

- Merci, dit-elle.

- Qui est tu ? D’où vient tu ? Demanda à nouveau Monsieur Gris.

- Je suis La Rose dit la chose et je viens de derrière le Dôme.

- Tu viens du Dehors?

- Je viens du Dehors, nous sommes des milliers là-bas mais moi je me suis perdue dans ici.

- Ici je me meurs, je suis seule et tout est gris. Et je ne vois pas le soleil.

- Qu’est-ce que le soleil, demanda alors Monsieur Gris.

- Le soleil, c’est quelque chose qui te réveille doucement le matin, qui te réchauffe quand tu es engourdi, qui te berce pour t’endormir le soir. Le soleil c’est quelque chose qui s’occupe de toi, qui te fais grandir, qui te donne des couleurs. Ici, il n’y a pas de soleil et personne ne s’occupe de moi.

- Ici personne ne s’occupe de personne, répondit Monsieur Gris parce que tout le monde s’occupe de son Verre.

- Qu’est-ce que Le Verre ? Demanda la Rose.

- Tu ne connais pas Le Verre ?

- Mais que fais-tu toute la journée alors, si tu ne dois pas ramasser Le Verre?

- Toute la journée, je reste avec le soleil, je profite de sa chaleur. Je parle avec les autres roses, je chante et je danse sous le soleil qui nous regarde et nous rions ensemble.

- Ici personne ne fait ça. Nous devons tous ramasser notre Verre. Si nous ne le faisons pas, ou le faisons mal, on se coupe et là c’est pire que tout.

C’est la peur qui nous perd. Chacun est seul et personne ne viendra t’aider parce que les autres doivent ramasser leur Verre eux aussi. Parce que c’est notre faute si on s’est coupé et parce qu’on répand le rouge, qui fait peur et qui fait mal. Alors plus personne ne nous regarde.

Je ne devrais pas parler avec toi la rose et tu ne devrais pas être là. Je dois ramasser Le Verre. Je me disperse. C’est mal, tu remue quelque chose d’étrange en moi, on dirait les sentiments et sa me fait peur.

- Pardon, dit La rose.

- Tu sembles si triste rose.

- C’est que je suis si seule ici.

Est-ce que je pourrai seulement avoir un peu d’eau de temps en temps, demanda la Rose.

Monsieur Gris savait que cela ne rimait à rien et ne correspondait à aucune des choses qu’il connaissait. Mais il voulait aider la Rose.

Pendant ce temps, dans la Ville Monde, beaucoup ramassaient Le Verre, certains se coupaient et d’autres mouraient de trop nombreuses coupures, seuls.

- D’accord, fit Monsieur Gris, je t’apporterai à boire.

Jusqu’à quand vas-tu rester ici ?

-Jusqu’à ce que les autres viennent me chercher, répondit la plante.

- Quelqu’un s’inquiète pour toi ?

- Oui, toutes mes sœurs, je sens leur désespoir.

- Moi, personne ne s’inquiète pour moi…

Monsieur Gris ramassa peu de Verre ce soir là. Il pensait à la rose. A ses couleurs étranges, à son apparence si différente de tout ce dont il avait l’habitude et qui le rassurait.

Et pourtant, il y avait quelque chose qui l’attirait chez la rose.

Quoi, il ne pouvait pas le dire. Quelque chose qui ressemblait aux sentiments, peut être.

La nuit Monsieur Gris dormit mal, dans son grand lit gris.

Au matin, de multiples tessons jonchaient le sol, il y avait ceux de la nuit et ceux de veille aussi.

Monsieur Gris évita soigneusement les bris de Verre et se dirigea vers son balcon.

- Bonjour la rose, dit il, doucement.

La rose dormait. Comme elle était…belle ? 

Sa corolle, si fine. Tous ses pétales ciselés, doucement, crénelés.

A la télévision ce matin, on montrait les appartements en bois de ceux qui avaient réussis.

- «COMBIEN D’HEURES PASSEZ-VOUS A RAMASSER LE VERRE, MONSIEUR? » Demandait le journaliste.

- « OH, ENVIRON 20 HEURES PAR JOUR, GRACE A MA MACHINE A DODO EXPRESS, JE RECUPERE DE LA FATIGUE D’UNE JOURNEE EN SEULEMENT DEUX HEURES DE SOMMEIL.

ET GRACE AU MIAM-VITE ET AU NETTOIE-NET, JE PEUX MANGER ET ME LAVER EN UN MINIMUM DE TEMPS , C’EST LA SOCIETE QUI LES PRODUIT ET… »

Monsieur Gris n’écoutait pas, il avait l’esprit perdu loin, par delà le Dôme avec la rose.

Elle soupira.

- Je vais te chercher à boire, murmura t-il.

Monsieur Gris se releva doucement et sentit l’incisure froide dans sa chair et tout de suite après, la déferlante de peur, d’angoisse, de mort.

Il avait été stupide, il fallait ramasser, toujours ramasser. Les sentiments étaient mauvais, ramasser.

- Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi tremble tu mon ami ? Tu sembles avoir si mal, dit la rose.

Je suis là, je suis près de toi…Donne ta main, que je mette mes pétales sur ta plaie, que je réchauffe ta main.

- Rose ? Demanda Monsieur Gris.

Ses pétales doux sur ma plaie. Elle me réchauffe. Elle voit mon sang mais elle ne détourne pas le regard.

Avec elle je me sens quelqu’un d’unique. Là, je ne saigne presque plus et la peur est partie, si vite.

Rose, je veux rester près de toi. Je veux prendre soin de toi comme tu prends soin de moi.

Monsieur Gris se demanda alors d’où venaient ses pensées si douces. Elles ne venaient pas de sa tête et cela l’effraya.

Elle ressemblaient à un poème sur les sentiments, qu’il n’avait pas commandé.

- Rose, je t’amène l’eau dont tu as besoin.

Monsieur Gris était si troublé qu’en passant le pas de sa porte, il s’égratigna la cheville, quelques gouttes de sang coulèrent.  Monsieur Gris ne sentit rien. Monsieur Gris ne ressentit rien. La rose ne dit rien, mais elle sourit.

Depuis, l’arrivée de la rose, Le Verre n’était plus ramassé chez Monsieur Gris.  Parce qu’il préférait  chercher dans la Ville Monde les rares livres qui parlaient des sentiments. Quand la rose était réveillée, il pouvait passer des heures à parler du dehors d’où elle venait ou du dedans ou il vivait. Quand elle dormait, il rêvait à toutes les choses qu’il pouvait y avoir derrière le Dôme. Mêlé d’envie, et de peur, il rêvait.

Les voisins disaient qu’il était fou. Il disait je suis ce que je suis et tant pis.

Grace aux livres qui parlent des sentiments, Monsieur Gris avait pu identifier d’où venaient les pensées dans sa tête. Le livre disait qu’elles venaient de son COEUR. Les livres parlaient de gaie-té (mais pas comme guetter le facteur) et d’a-ffec-tion (mais pas comme les affections contagieuses).

 Les plus radicaux employaient a-mour et bon-heur. Monsieur Gris répétaient ses mots dans sa tête. Etait-ce bien ça qu’il ressentait ? Etait-ce bien ? Etait ce mal ? Personne ne lui avait jamais parlé de ces choses.

Quand même…Etait-il malade ?

Au même moment dans d’autres endroits de la Ville Monde, des bébés citoyens étaient conçus dans des éprouvettes stériles.

Depuis l’arrivée de la rose, Le Verre ne tombait plus chez Monsieur Gris.

Cela l’étonnait. Il ressentait de la joie, avec son amie la rose.

- Rose, dit-il, je suis si « heureux » depuis que tu vis ici, lui dit-il un matin.

Je voudrais que tu reste avec moi toujours.

La Rose lui sourit.

- Resteras-tu avec moi toujours ? Demanda Monsieur Gris.

La rose soupira.

- Je dois rentrer chez moi, dit-elle.

Le cœur de Monsieur Gris se serra.

- Ici, je ne peux pas vivre, poursuivi la rose. La pollution m’étouffe, le Dôme m’emprisonne, le gris me rend triste, les gens ne me sourient pas, le soleil ne me réchauffe pas.

Je me meurs, bientôt, Le Verre tombera autour de moi comme il tombait autour de toi.

- Je ne veux pas que tu sois triste, la rose, murmura Monsieur Gris.

Et de ses yeux, tomba une drôle de substance salée qui ressemblait à de l’eau.

La rose en bu un peu.

- Je ne veux pas que tu sois triste non plus, murmurat-elle. Viens avec moi. Partons d’ici.

Qu’est ce qui te retient ?

Je suis ce que je suis, pensa Monsieur Gris. J’ai doit au bonheur comme dans les livres sur les sentiments. Même si les autres citoyens me dévisagent, même si je ne suis plus un citoyen, j’aime la rose et c’est tout ce qui compte. Je suis ce que je suis.

Alors Monsieur Gris alla chercher tout Le Verre  qu’il avait accumulé pendant toutes ces années, avec précaution, sans se couper. Et sans précautions, violement, le jeta  sur le Dôme, avec l’aide de la rose, pour le fracturer, le déchirer. Tout Le Verre accumulé, tout y passa, même les meubles de Monsieur Gris, tout, tout ce qui était à sa portée pour crever la bulle qui les retenait prisonnier. Lui, et la rose.

Mais tout ne suffit pas.

Alors, Monsieur Gris pris doucement la rose entre ses mains et tout les deux, ils descendirent l’escalier gris de l’immeuble gris de Monsieur Gris.

Ses mains vinrent se poser d’elles mêmes sur le Dôme sale.

Combien de coupures, d’égratignures teintaient de rouges ses bras ? Personne n’aurait pu le dire car personne ne regardait, parce que tout le mode avait peur de le voir.

Alors, Monsieur Gris poussa sur le Dôme et celui-ci se brisa, en milles éclats brillants.

La rose regarda devant, toutes ses sœurs les attendaient.

Elle regarda le visage de Monsieur Gris, elle vit son sourire. Il était baigné de la lumière du soleil.

Et tout Le Verre jeté, fondait, pour se transformer en verre, celui dont on fait des vitraux colorés.

FIN

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