La vulgarité

Qu'est ce que la vulgarité ? Si on reprend l'étymologie du mot, on pourrait penser que ce trait de caractère ne concerne  que la vulgate. S'il est vrai que celle-ci n'a pas eu la chance d'avoir accès à la connaissance ou à ce que nous appelons communément les bonnes manières, je peux affirmer que ces lacunes n'ont rien à voir avec la politesse ou la gentillesse. J'en sais quelque chose. Je suis issu d'un milieu grand-parental tout ce qu'il y a de plus prolétaire. Pour ne citer que la branche maternelle, mon grand-père était torche-culs dans un sanatorium et ma grand-mère ouvrière. Il est certain que leur vocabulaire était limité et qu'ils auraient été bien incapables de me parler des faides royales sous la dynastie mérovingienne ou des statues chryséléphantines de la Grèce du VIe siècle avant J.-C..

En ce qui me concerne, sans avoir atteint un milieu social très huppé, je dirais que je navigue entre deux eaux et que je peux ainsi me permettre une critique comparative de deux classes sociales opposées. Et de me forger une opinion sur la vulgarité.

Prenons mon cas, on n'est jamais mieux desservi que par soi-même. Certaines personnes me trouvent vulgaire. Précisons en tout de suite la catégorie qui me méjuge, celle des cons. Deux éléments viennent l'expliquer. Je suis d'un naturel réservé et pour masquer ma timidité, les vannes bien grasses sont un des éléments de mon arsenal. Avec les cons, je sous-entends de manière générale les blaireaux qui n'ont aucune ouverture d'esprit et qui pourtant jouent les donneurs de leçon, je force le trait. J'avoue que c'est limite orgasmique que de les imaginer me chier sur la tronche, certains qu'ils sont de détenir la vérité. Je me fais alors un malin plaisir de tisser ma toile pour tramer un petit croc-en-jambe dont j'ai le secret et leur faire comprendre que leurs bassettes (je pense à une sous-catégorie de cons, celles des suce-boules) offusque ma vision du savoir-vivre.

Je ne me considère donc pas comme vulgaire, j'avance simplement masqué pour ne pas avoir à dévoiler mes failles. La vulgarité est très loin de se limiter à des mots, elle envahit notre quotidien. Prenons un exemple lié à nos moyens de communication. Nous touchons alors à ce qui est pour moi le summum de la grossièreté : vous répondre par un « ouais », tout occupé à pianoter sur votre téléphone pour répondre aux inepties d'un mail au contenu d'une nullité affligeante. A une lointaine époque, nos anciens se réunissaient le soir au bistro. Les conversations, tant au niveau du fond que la forme, ne devaient pas voler très haut. Mais au moins, il y a avait du lien social, la base du vivre-ensemble.

Le dernier point de la vulgarité touche à l'amitié. Comme dit le proverbe, on choisit ses amis, pas sa famille. Dès lors que nous nous sommes choisis, ça devrait être à la vie, à la mort. À défaut, autant faire comme moi et vivre en ours. Si ce n'est pas le cas, ne parlons pas d'amitié mais de relationnel qui signifie une bienveillance distanciée, sans chercher à pénétrer l'intimité de l'autre, de réellement s'y intéresser, d'être vraiment en empathie. Quelle trivialité alors que par maladresse ou égocentrisme on ne soit pas en mesure de comprendre et de partager. Le pire du pire, concerne pour moi la très délicate amitié homme-femme. Un leurre ? J'ai plus d'une fois été berné, incapable de résoudre l'équation à trois inconnues : l'amitié, le sexe et l'amour. Je n'ai jamais été en mesure d'en découvrir le centre de gravité.

Alors, après t'être jouée de moi, sauras-tu me démentir ? Être l'exception qui confirme la règle ? Sauras-tu me lobotomiser, faire taire mes hormones et me prouver que l'on peut aimer d'amitié, sans arrière-pensée libidineuse ? Si tu es parviens, sois certaine que mon attachement sera sans faille. Je te fais la promesse, et je n'en ai qu'une, que je serai indéfectible.