L'adieu aux larmes

leo

Je contemple. L’illusion d’avoir existé.

La béatitude des ombres qui ont ceinturé la tentative.

La canopée des tours ou je nichais, les ailes brisées.

J’ai quitté l’éther et sa ville malfaisante.

Cœur vitrifié par l’Homme pyromane.

Au fleuve de l’ennui, je vogue à l’inutile. Le smog enveloppe ma chaire hurlante. Cellophane sanguinolent au sourire carnaire. La lanterne borgne dessille son orbite caverneuse. Sonar captant la goulée des eaux affamées. Je dérive au tourbillon du mal. Ô souffrance, détrousse-moi des maigres centimes de mon humanité, tu t’en enrichiras ! Viole moi, pénètre ton mal en mon bien, mêle nos fluides : ton opacité se diluera en mes pleurs ! Tu procrées avec ton tombeau ! Ton oubli naîtra de ton crime. Je t’engloutis dans notre naufrage à t’en dégouter d’avoir existé. Tes vices en liesse, acclament  leur nouveau roi. En une dernière étreinte…

La vase pleins les sens, le fond ordurier.

L’hameçon du vide crève mes joues, gonflées des mots occis.

Bulles de lettres qui font frémir le plafond oxygéné.

Je suis une langue morte promise à la fossilisation.

Le paléontologue époussette mon âme, la livre aux mors des quatre vents.

Eole ricane de me voir ainsi écartelé.

Je suis pulvérisé, disséminé. Epandage ridicule.

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