L'adoption de Coca

violetta

Il y a souvent des humains qui viennent à la chatterie, pour « choisir un chat ». Les pauvres ! Ils croient que ce sont eux qui choisissent, alors que c’est nous ! Chaque fois, je joue l’indifférence, je reste dans mon panier ou mon hamac sans m’occuper des visiteurs – le plus souvent des femelles. Mais ce jour-là, j’ai senti comme un frisson quand l’humaine est entrée dans le refuge et que j’ai senti son odeur.

Au début je n’ai pas bronché, mais je surveillais tout derrière mes paupières mi-closes. Les petits nouveaux, âgés de quelques mois, faisaient tout pour se faire remarquer : grimper aux jambes, fourrer le nez dans le sac, sauter sur le dos ou même sur la tête de l’humaine qui se penchait pour voir les timides cachés derrière les paniers, miauler comme des fous…

Quand c’est comme ça, d’habitude, les humains poussent des cris, se secouent et disent « Ah mais, arrêtez, vilains chats ! » Ils sont ridicules… Mais là, l’humaine avait l’air profondément heureuse, elle souriait doucement, restait calme, détachait Coxi de sa jambe de pantalon, sortait Cendrillon de son sac à main, cueillait Cristo sur son épaule pour le reposer par terre après l’avoir embrassé entre les deux oreilles. Tout cela avec une grande douceur.

J’étais immobile à la regarder, captivé, et tout à coup elle m’a vu. J’ai vite refermé les yeux, mais c’était trop tard. Je l’ai entendue qui s’exclamait : « Oh ce gros-là ! Comme il est beau ! Comment s’appelle-t-il ? » Et j’ai entendu Mme Bossa lui dire mon nom. « Ce gros-là », c’était bien moi…

Sans façon, l’humaine m’a pris dans ses bras et je me suis laissé faire. Je suis pourtant impressionnant : un gros matou tout noir, d’habitude les gens ont peur de moi. C’est pour ça que je suis toujours revenu à chatterie après chaque journée d’adoption ! Tant de courage méritait donc mon respect et mon intérêt : je l’ai regardée bien en face, tout blotti dans le creux de ses bras, et elle m’a caressé gentiment. Ca n’a pas duré longtemps car elle m’a trouvé trop lourd et m’a posé.

Je me suis senti tout perdu. Il me la fallait, cette humaine ! C’était elle, la mienne, je le savais ! Prends-moi, disaient mes yeux implorants ! Je ne suis pas si lourd ! Je maigrirai s’il le faut ! Tu es faite pour moi ! Elle examinait les autres chats et j’étais inquiet.

Elle a dû sentir toutes les ondes que je lui envoyais, car après avoir soulevé, palpé, caressé, embrassé une bonne dizaine de candidats, elle s’est accroupie devant moi et m’a dit : « C’est toi que je veux, Coca ». Ca tombait bien, moi aussi c’était elle que je voulais.

Ca y est, j'ai adopté une humaine !

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