L'Auguste - La Noire Plume

Rémi Parisot

"Et maintenant Mesdames et Messieurs, chers enfants, l'Auguste ! Mieux connu sous le nom du clown blanc !"

...

... "Non. Non c'est un clown gris qui se présente à vous ce soir, mesdames, messieurs, chers enfants... Surtout vous mesdames.

Maquillé, préparé, performant un art que vous moquez.

Me voilà encore ce soir sur cette piste sableuse dans laquelle je m'enfonce, dans laquelle je prend racine, cherchant à vous plaire par quelques tours devenus rances, faisant le pitre pour la badine.

Mais cet énergumène qui vous joue de la clarinette, qui vous conte histoires et fleurette, commence doucement à perdre espoir, de trouver un jour son amour et de tomber en désespoir.

Passé l'entrée du chapiteau, vous ne me reconnaitrez point, laissé blessé sous les projos, rêvant d'un amour incertain.

Riez ! Qu'il est drôle le gros aux pensées bleues, qu'il est cocasse ce romantique que l'on considère si peu. Partez ! Laissant subsister votre mode de vie libéré, permettant aux chiens de vous courir après. A croire que cela vous plaît.

Ce soir, pour vous mesdames, je verse un couplet sans refrain. Les bâtards, ces voleurs d'âme, vous ont détruites en prenant vos seins, à pleines mains.

Mon art se meurt au fils des générations, le romantisme et la bienséance s'effilent au gré de vos préoccupations. Et je pleure.

Voyez cette larme, presque tatouée sur mon visage ? Elle est votre esquisse, votre arme, des mauvais garçons votre apanage.

Mais je saurais être digne et fier, m'en allant dans les coulisses sur ce monocycle, je saurais être coeur de pierre, face à vos rires cycliques.

Que l'orchestre batte ses notes, ce soir le clown blanc d'un gris dénote."

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